Dans une tribune publiée ce 10 août par Valeurs Actuelles, le maire de Fréjus, David Racheline, refuse que sa police participe au contrôle du Pass Sanitaire. Pour lui, y participer équivaut à « renforcer le sentiment anxiogène créé par la décision présidentielle »
Lecourrier-du-soir.com vous propose la lecture de la tribune dans sa version intégrale.
Excellente lecture!
« Après la validation du Conseil constitutionnel, l’application du passe sanitaire se met donc en place sur le territoire national. Dans ce cadre, l’Etat a invité les maires à faire participer leurs polices municipales au contrôle de ce passe dans les établissements recevant du public (restaurants, bars…). Ce ne sera pas le cas à Fréjus, ville dont je suis maire. A ceci, plusieurs raisons.
Tout d’abord, cette décision de Monsieur Macron et de son gouvernement a une fois de plus été prise sans concertation avec les élus locaux. Pourtant, depuis 18 mois, les maires pallient les carences de l’Etat dans la gestion de la crise. Ils sont en première ligne pour constater les dégâts causés à l’économie locale par les fermetures longues, nombreuses et parfois incohérentes qui se sont succédé et tenter d’apporter à leur niveau un soutien à leurs commerces.
Et nous pouvons d’ores et déjà, aujourd’hui, mesurer l’impact dévastateur de ce passe, qui plus est dans les communes touristiques. Sur nos restaurateurs, qui voient leurs réservations s’écrouler. Sur les parcs et structures de loisirs, auxquels la mise en place du passe fait perdre jusqu’à 70% de leur clientèle. Ou encore sur le secteur culturel comme celui de l’événementiel : il suffit de demander aux exploitants de cinémas, premières victimes de la mesure, ce qu’ils en pensent. Sans parler des salariés menacés de perdre leur emploi, ou encore des familles dans le désarroi pour la scolarité future de leurs enfants – alors que ceux-ci ne constituent pas une population à risque.
Je suis, en tant que maire, au contact quotidien de ces réalités. Et je refuse de participer au renforcement du sentiment anxiogène créé par la décision présidentielle. Par ailleurs, la mission première de la police municipale est de garantir le bon ordre et la sécurité publics. Je préfère voir mes agents continuer à se consacrer pleinement à la sécurité des Fréjusiens et des touristes et à la lutte contre la délinquance et les incivilités. Je m’inquiète d’ailleurs, alors que le gouvernement est incapable d’endiguer les violences urbaines et que la délinquance du quotidien explose, de voir les policiers nationaux chargés de contrôler les honnêtes citoyens souhaitant prendre un café en terrasse.
Je m’oppose donc à cette alternative mortifère dans laquelle cherche à nous enfermer le gouvernement, entre d’un côté une menace de confinement généralisé et de l’autre une vaccination obligatoire qui ne dit pas son nom. Sachant en outre que le passe sanitaire est fortement critiqué par de nombreuses institutions et associations, du Conseil de l’Europe à Médecins du Monde.
Il existe une troisième voie, celle de la raison médicale qui vise à protéger les publics à risques en facilitant leur accès à la vaccination. Par la sensibilisation et l’explication. Et non par la contrainte systématique et l’injonction contradictoire, qui créent plus de méfiance et de doute que d’adhésion. C’est ce que nous faisons à Fréjus, qui accueille un important centre de vaccination mis en place par la communauté d’agglomération.
En tout état de cause, je demeure profondément attaché au principe du consentement libre et éclairé en matière médicale, qui demeure un droit fondamental devant être défendu. Et je refuse, au nom d’une dérive liberticide dont le fondement sanitaire est plus que contestable, et d’ailleurs très contesté, de mettre un policier derrière chaque citoyen et d’assister encore d’avantage à la destruction systématique de l’économie de proximité et, plus globalement, du lien social »