La Russie a signé ce mercredi 16 novembre 2016 un décret refusant de ratifier le Statut de Rome qui a donné naissance à la Cour Pénale Internationale. La Russie dénonce l’absence d’ « indépendance » de la part de la Cour
Le président russe, Vladimir Poutine, a signé un décret refusant de ratifier le Statut de Rome, le traité qui a mis en place la Cour Pénale Internationale (CPI). Selon le ministère russe des Affaires étrangères, la CPI « n’a pas été à la hauteur des attentes et a failli à sa mission de devenir un organe judiciaire indépendant ».
Le décret présidentiel a été publié sur le portail gouvernemental de la Russie. Il ordonne aux autorités « d’accepter la proposition du ministère russe de la Justice, prise en coordination avec le ministère russe des Affaires étrangères et d’autres organes fédéraux du pouvoir exécutif ».
« Malheureusement, la CPI a failli à sa mission »
D’après Russia Today, média publique russe, le décret entrera en vigueur dès sa signature. Dans un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères, on pouvait lire : « malheureusement, la CPI a failli à sa mission de répondre aux attentes de devenir un organe vraiment indépendant, un tribunal autoritaire international ».
Le communiqué ajoute : « le travail de la Cour est caractérisé des principes inefficaces et inégaux dans différents forums, y compris dans l’assemblée des Nations-Unies et au Conseil de Sécurité. Il est important de noter que pendant 14 ans, la Cour n’a passé que 4 condamnations dans lesquelles elle a dépensé plus d’un milliard de dollars ».
« La Russie dénonce des enquêtes politisées sinon biaisées »
S’exprimant sur le refus de son pays de tourner le dos à la CPI, Frants Klintsevich, président du Conseil de comité de la fédération russe en matière de Défense et de Sécurité, dira : « la résolution signée par Vladimir Poutine sur le refus de la Russie de rester membre du Statut de Rome n’est pas sortie de nulle part. Presque toutes les enquêtes de la CPI sur la Russie ont été politisées sinon biaisées ».
La décision de la Russie de claquer la porte en tant que membre du Statut de Rome intervient en un moment critique où trois pays africains (le Burundi, l’Afrique du Sud et la Gambie) avaient déjà annoncé leur retrait de l’organisation, dénonçant des jugements arbitraires et un traitement défavorable réservé aux dirigeants africains.
« Ne partez pas ! »
Des retraits qui risquent de coûter cher à l’organisation dont le président de l’Assemblée des Etats membres appellent les Etats réfractaires à revenir sur leurs décisions. « Ne partez pas ! Dans un monde enchevêtré des violences extrémistes (…) il est urgent et nécessaire de défendre l’idéal de la Justice pour tous », a martelé Sidiki Kaba.
Sidiki Kaba a reconnu que certains ont en effet vu de l’ « injustice » dans des affaires traînées devant la Cour, mais il a donné des gages de bonne foi, déclarant : « vous avez été entendus ». Sidiki Kaba a également fait savoir que la Cour a redoublé ses efforts pour convaincre les Etats de revenir et pour s’assurer qu’il y a une justice universelle pour tous.