Ce lundi 6 janvier, Mario Draghi, Président de la Banque Centrale Européenne (BCE), a tenu à apporter des réponses à l’administration Trump après les déclarations il y a une semaine d’un conseiller du président américain que l’Allemagne manipule la devise euro contre les pays européens et les Etats-Unis
Entre l’administration Trump et la Banque Centrale Européenne, la guerre des mots est déclarée. Tout a commencé ce mardi 31 janvier lorsque Peter Navarro, un conseiller du président Trump, accuse l’Allemagne d’utiliser un euro « nettement sous-évalué » contre des nations européennes et contre les Etats-Unis.
Navarro avait déclaré : « un grand obstacle pour considérer le TTIP comme un accord est l’Allemagne qui continue d’exploiter les autres nations de l’UE et les Etats-Unis avec un ‘deutsche mark implicite’ qui est nettement sous-évalué ». A la suite de ces accusations de l’administration Trump, l’euro avait sauté pour atteindre une hausse de 5 jours estimée à 1 064 dollars contre le dollar.
« Nous ne sommes pas des manipulateurs de devise »
Dans une interview accordée à la BBC ce 25 janvier, Ted Malloch, l’homme pressenti pour devenir l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Union Européenne, avait d’ailleurs mis en garde le média britannique contre « un éventuel effondrement de l’euro ». Ted Malloch avait prédit que l’effondrement de la devise euro pourrait se produire dans un an et demi.
Ce lundi 6 février, la réponse de l’Union Européenne est finalement tombée. Mario Draghi, président de la Banque Centrale Européenne, a sèchement répondu à l’administration Trump. « Nous ne sommes pas des manipulateurs de devise », a-t-il martelé. Ce lundi à Bruxelles, Mario Draghi a voulu clarifier les choses.
« La BCE n’est pas intervenue dans le commerce extérieur depuis 2011 »
« La BCE n’est pas intervenue dans le commerce extérieur depuis 2011. L’Allemagne a un excédent commercial avec les Etats-Unis, un excédent de compte courant, mais elle ne s’est pas engagée dans une intervention biaisée dans le commerce extérieur ». Mario Draghi s’est également attaqué à Donald Trump dans sa volonté de réguler le marché financier, en se débarrassant de la fameuse loi « Dodd-Frank Act ».
Le président de la Banque Centrale Européenne a mis en garde contre une nouvelle crise financière. « Nous devons voir ce que le gouvernement américain veut vraiment faire concernant les négociations du Traité de Bâle. La combinaison de l’argent facile et la dérégulation financière ont été les bases sur lesquelles la crise financière s’est développée ».
« L’Allemagne pas très contente de la BCE »
Il convient de rappeler que du côté de l’Allemagne, l’on n’est pas très content de la Banque Centrale Européenne. Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, a sévèrement attaqué la BCE en raison de taux de change « trop bas » pour l’Allemagne. Le ministre allemand des Finances avait fait savoir de son mécontentement lors d’une interview accordée à Tagesspiegel, repris par The Financial Times
« Le taux de change de la devise euro est strictement trop bas pour l’Allemagne. Quand Mario Draghi avait embarqué dans cette politique monétaire coûteuse, je lui avais dit qu’il allait faire grimper les excédents de l’exportation allemande. J’avais promis de ne pas critiquer publiquement cette politique, mais là je ne veux pas être critiqué pour les conséquences de cette politique ».