Dans une déclaration reprise par le média américain Wall Street Journal, la ministre sud-africaine de la Défense, Thandi Modise, a accusé les Etats-Unis de « menacer tout Etat africain qui détient quelque chose qui sent la Russie »
Les Etats-Unis ne veulent surtout pas perdre la guerre contre la Russie. Et pour que ce scénario ne se produise pas, l’Oncle Sam ne lésine pas sur les moyens pour intimider toute nation qui serait tentée de faire les yeux doux à Moscou. Et l’Afrique, devenu un terrain crucial pour l’Occident, n’est pas épargnée.
En effet, d’après le site d’information First Post, qui cite le média américain Wall Street Journal, la ministre sud-africaine de la Défense, Thandi Modise, n’a pas été tendre envers les Etats-Unis qu’elle accuse de menacer les Etats africains qui seraient tentés de renforcer leur partenariat avec la Russie de Poutine.
Dans son travail d’investigation, Lecourrier-du-soir.com a pu retrouver l’article du Wall Street Journal daté du 09 janvier et dans lequel le média américain parle d’un navire marchand ayant fait escale en Afrique du Sud. Le navire transporterait des armes russes, mais cette information, d’après le Wall Street Journal, reste à confirmer car les autorités sud-africaines ont catégoriquement refusé de se prononcer sur le contenu du navire.
Face à la pression exercée par les Etats-Unis pour obtenir des informations sur le contenu dudit navire, la ministre Thandi Modise a fait exploser sa colère en tenant des propos qui ne vont pas plaire à Washington. « Les Etats-Unis menacent toute l’Afrique, pas seulement l’Afrique du Sud, de détenir quelque chose qui sent la Russie », a-t-elle déclaré selon le Wall Street Journal.
Il convient de rappeler que ce n’est pas la première fois que les Etats-Unis menacent l’Afrique depuis le début de la guerre en Ukraine. En août dernier, Washington avait donné l’ordre aux Africains de ne surtout pas tenter de se ranger du côté de la Russie de Poutine s’ils veulent éviter de subir de lourdes sanctions.
En effet, d’après une information du New York Times, cette consigne a été transmise aux Etats africains en août dernier lors du déplacement en Afrique de Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice des USA auprès des Nations-Unies. Face à ses interlocuteurs, le mot d’ordre est clair : il y a des lignes rouges à ne surtout pas franchir.
« Les pays (africains) peuvent acheter des produits agricoles russes, à savoir l’engrais et le blé. Mais, si un pays (africain) décide de coopérer avec la Russie (dans d’autres domaines) visés par des sanctions, alors, ils violent ces sanctions », avait-elle clairement martelé. Autrement dit, tout pays africain qui s’aventure à acheter du gaz russe pourrait le payer très cher.
Face à ses interlocuteurs, Linda Thomas-Greenfield n’avait pas hésité à brandir des menaces. « nous exhortons les pays africains à ne pas briser ses sanctions, parce qu’en agissant de la sorte, ils risquent, à leur tour, d’être visés par des sanctions ». Il faut dire que les avertissements de Washington interviennent dans un contexte extrêmement houleux en Afrique marqué par une guerre diplomatique sans merci entre le Mali et la France.
En effet, la France, jadis puissance coloniale, est de plus en plus contestée en Afrique par une grande partie de la jeunesse africaine qui perçoit sa présence comme un frein au développement de leurs pays, ce qui a exacerbé, ces dernières années, un fort sentiment anti-français. La position, très peu démocratique des Etats-Unis, a suscité des réactions sur les réseaux sociaux.
A U.S. diplomat warns African countries against buying anything from Russia except grain and fertilizer. https://t.co/iKlBNWTIRR
— Isaac Mangena (@Ice_Izo) August 7, 2022