Lecourrier-du-soir.com a l’honneur de vous présenter l’excellent livre du professeur sénégalais Abdoulaye Diouf, spécialiste de la Littérature et Civilisation espagnole et doctorant à l’Université Autonome de Barcelone qui, à travers une plume dorée et une éloquence indescriptible, nous présente son premier roman, et certainement pas le dernier.
Préface du roman « Le chemin de la solitude »
Excellente lecture
« Le chemin de la solitude doit être lu, interprété et compris comme la résonnance d’une
cadence qui ne met pas du tout sous silence une kyrielle de faits, de vécus et de témoignages qui commence déjà dès l’enfance et qui prend l’allure d’une autobiographie teintée d’objectivité dans le fond comme dans la forme. La validité et la pertinence d’un choix de titre ne sont pas anodines à travers les lignes de ce énième manuel dans lequel le Docteur Abdoulaye Diouf, en fin pédagogue et didacticien, passe en revue un certain nombre de péripéties heureuses ou malheureuses depuis l’enfance jusqu’à aujourd’hui.
D’emblée, dès cette tendre enfance, l’auteur se souvient d’une première solitude : « c’était
aussi pendant cette même année que j’ai été victime d’une fracture au niveau de la
main gauche, ce qui m’avait mis hors de course pendant une vingtaine de jours et
pendant cette période-là où j’étais cloitré au lit, je vivais une solitude extrême qui
m’avait beaucoup affecté car l’atmosphère de l’école commençait à me manquer ».
Aussi, le regard rétrospectif fixé sur les pédagogues ou maîtres (craints, respectés, formateurs et éducateurs) de l’école si rigoureuse d’antan, prend la forme d’une certaine nostalgie comparable à une certaine solitude qui constitue le trait d’union ou le cordon ombilical qui relie les péripéties sur Le chemin de la solitude. Une de ces péripéties reste la séparation avec d’anciens amis écoliers qui est vécue par l’auteur au sortir de l’école élémentaire car orienté au lycée Malick Sy au moment où ses camarades fréquentaient d’autres établissements.
Le sens de la solitude de l’auteur pourrait rimer avec « cent ans de solitude » pour ne pas
nommer l’œuvre romancière gigantesque de Gabriel García Márquez à cause des moments
pathétiques vécus dans l’isolement presque total. Cet isolement atteint son paroxysme à
travers la maladie ou la paralysie si douloureuse peinte par le Docteur Abdoulaye Diouf au
détail près comme une double solitude : garder le lit et être incapable de marcher.
Cependant, l’auteur, par une croyance, une clairvoyance et un courage sans faille a décidé de sorte que cette « solitude » ne soit pas une situation statique mais un chemin plein
d’embûches à parcourir pour se forger un destin d’espoirs car Antonio Machado (illustre
écrivain espagnol de la Génération littéraire de 1898) souligne que c’est en marchant qu’on
crée le chemin. Et le chemin du Docteur Abdoulaye Diouf, malgré les vicissitudes de la vie,
loin d’être un chemin de la solitude comme cela s’aperçoit à première vue à travers le titre du livre, offre des perspectives par lesquelles le « je » narrateur met en exergue des enjeux solitaires tels que : la dure séparation avec un ami étudiant dès les premières années à l’université, l’année blanche de 1988 ou encore l’année universitaire invalidée de 1994 vécues par l’auteur avec philosophie et engagement dans le sens de faire du Chemin de la solitude un chemin de solidarité car offrant et partageant des enseignements qui peuvent servir de leçons de vie.
Toujours sillonnant le sentier de la solitude, avec subtilité, le Docteur Diouf peint un tableau
de sa naissante vie de professeur d’Espagnol au Lycée Baba Diongue de Podor avec des
aventures bienheureuses à bien des égards malgré une certaine situation de « rejet » de la part des gens de ce terroir. Mbacké, comme second séjour professionnel de l’auteur, se caractérise par un début heureux tant sur le plan professionnel que sur le plan de l’intégration sociale. Une déception amoureuse vécue par l’auteur dans cette ville ne tardera pas à nous replonger dans le chemin de la solitude car une « rupture brutale » ou un « sevrage brutal » crée une nouvelle séparation inattendue avec la « future femme de sa vie », un vide et une solitude.
Néanmoins, celle-ci étant comblée par une certaine spiritualité que vit le Docteur Diouf grâce à l’allégeance faite à un fils de son homonyme Serigne Abdoulaye Mbacké Borom Deurbi.Si la spiritualité puisée chez le marabout dissipe dans une certaine mesure la solitude du chemin, force est de reconnaitre aussi que le retour au bercail se vit comme une sortie du tunnel solitaire car le Docteur Diouf retrouve son royaume d’enfance, Thiès où il vit un soulagement grâce à l’affection familiale. Malgré ce soulagement dans l’intimité familiale, un certain nombre de faits assombrit un chemin déjà solitaire comme le traitement de certains enseignants du secondaire doctorants ou docteurs vacataires dans les universités où ils abattent un travail de titan.
Mais, ils peinent à être recrutés car ces dernières brandissent le poids de l’âge de certains docteurs déjà enseignants dans le secondaire et du coup ceci devient frustrant selon le Docteur Diouf qui met aussi le curseur sur l’exploitation de certains vacataires dans les collèges et lycées privés où ils bénéficient de peu de respect ou pas du tout car l’élève est la priorité de ces écoles privées qui « sacrifient » l’enseignant pour plaire aux « clients » : les potaches. Le chemin de la solitude devient ainsi le chemin de la déception de l’auteur pour cause de position incomprise par ses collègues du Lycée Malick Sy lors de la grève des enseignants en 2006, ‘est-ce pas une autre solitude ?
Lire Le chemin de la solitude au pied de la lettre pourrait offrir une compréhension
incomplète car c’est un livre qui nécessite une lecture entre les lignes, une lecture verticale et horizontale pour pouvoir déceler la polysémie de la solitude qui se traduit dans une certaine mesure par les traquenards du landerneau politique, de l’arène politique voir du labyrinthe politique sénégalais insondable et complexe. Comme une péripétie sur Le chemin de la solitude, l’engagement politique rigoureux de l’auteur dès le bas âge au PDS se dissipe pour cause de « déseckisation » en 2004 (cette déseckisation ne serait-elle pas une solitude de plus dans Le chemin de la solitude compte tenu de « l’admiration » que l’auteur vouait au leader libéral à l’époque victime de complots ?). Le lancement par le Docteur auteur Abdoulaye Diouf du Comité d´Initiative pour un Raz de Marée Bleu (CIRAMB), puis de la Convergence Patriotique pour la Justice et L´Équité (CPJE NAY LEER) et le retour au bercail libéral par le truchement de la mouvance présidentielle de la CAP 21 comble le vide frustrant de quelques déceptions politiques vécues çà et là.
Déceptions oui ou mieux encore accusations légères et sans fondement tangible, souligne
l’auteur, sillonnent Le chemin de la solitude qui ne serait pas ce présent livre que le lecteur a sous les yeux sans l’épisode de Koutal où la solitude atteint un certain climax car des
supputations, un certain ouï-dire de gens qui méconnaissent en tout et pour tout la vraie
histoire de Koutal ce mois de juillet 2017 et des accusations gratuites de personnes malignes et malintentionnées ont voulu ternir l’image de l’auteur qui, par un courage intellectuel à travers ce manuel convoque la véracité des faits.
Lire Le chemin de la solitude c’est aussi savoir décortiquer ce message si fort de l’auteur pour rétablir la vérité des faits. Mais comme dit l’adage : « l’homme est un loup pour l’homme », à travers les lignes de cet épisode de Koutal, le Docteur Abdoulaye Diouf ne fait pas dans la langue de bois, il déclare orbi urbi et avec toute l’objectivité qui convient, ce qui s’est réellement passé en vue de réduire au néant la pluie d’acharnements sur sa personne, acharnements se traduisant aussi comme une certaine « solitude psychologique » qu’il convient de dépasser par le « dindi tuma » car qui ne dit rien consent.
Le chemin de la solitude dit et ne consent point. Si les sentiers si solitaires parsemés d’embûches du Chemin de la solitude s’ouvre par une kyrielle de péripéties malheureuses, force est de reconnaître que l’étape de Barcelone en constitue l’issue heureuse de par le bonheur vécu là-bas par l’auteur qui devient papa pour la première fois après dix de mariage. On dit souvent qu’une famille sans enfant est comme un foyer sans feu, cette attente longue de cet enfant n’est-elle pas une solitude dans le temps
comme dans l’espace ?
Grâce aux bourses de l´Agence Espagnole de Coopération Internationale pour le Développement (AECID) offertes par appel à candidatures très sélectif, l’enfant de Thiès a pu se faire un nom en Catalogne en poursuivant son troisième cycle avec à la clef deux masters (et bientôt trois) et un doctorat dans deux universités de Barcelone (l’Université de Barcelone et l’Université Autonome de Barcelone respectivement) pour qui connait la rigueur du corps professoral de ces universités très pointues.
« Ku muñ di nga muuñ » ou encore c’est dans l’endurance et la persévérance qu’on doit
se forger le destin avec bravoure et Le Chemin de la solitude quoi que solitaire finit par se
peupler d’espoirs et l’espoir, l’auteur en a. C’est un livre qui se lit facilement, avec un
style subtil de l’auteur, des analyses profondes, pertinentes, efficaces, effectives et «
multithématiques » et un regard rétrospectif et futuriste qui doit inspirer plus d’un.
Abdou Khadre BOP »
Professeur d’Espagnol de l’Enseignement Secondaire
Docteur en Langue Espagnole et ses Littératures / ELE.
(Université Complutense de Madrid)
Écrivain.
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