Emmanuel Macron a adressé une invitation à l’ex général libyen, Khalifa Haftar à Paris tandis que Christophe Castaner invite Fathi Bachaga, ministre de l’Intérieur du gouvernement libyen de Tripoli
Khalifa Haftar sera bientôt reçu à l’Elysée par Emmanuel Macron. Le seigneur de guerre libyen financé par les richissimes pays du Golfe et reconnu par la France, les Etats-Unis et les Emirats Arabes Unis a en effet été invité ce mercredi par la France à rencontrer le président Macron.
Selon l’agence de presse turque Anadolu, l’invitation de la France au dictateur libyen intervient à la suite d’une rencontre entre le seigneur de guerre libyen (à qui plusieurs milliards de dollars ont été alloués pour faire tomber le gouvernement libyen de Tripoli) et Christophe Farno, directeur du Département en charge du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord au ministère français des Affaires étrangères.
De source proche, les deux hommes se sont rencontrés à Benghazi, dans l’est de la Libye, une zone sous le contrôle des forces de Haftar. Cette information a été confirmée ce jeudi 13 février par le média libyen Libya Observer qui ajoute que parmi les sujets au cœur de la rencontre entre les deux hommes figure la lutte contre le terrorisme.
Ce qui est troublant dans cette histoire est que l’agence de presse turque nous a aussi appris que le ministre français de l’Intérieur, Christophe Castaner, a quant à lui adressé une invitation Fathi Bachaga, ministre de l’Intérieur du gouvernement libyen de Tripoli, reconnu par l’ONU et non pas par la France. Et là, on est en droit de se demander : « à quoi joue la France ? »
Rappelons tout juste que ce n’est pas la première visite officielle de Haftar à Paris. En effet, l’ex général de l’armée libyenne et ex agent de la CIA s’est déjà entretenu avec Emmanuel Macron à l’Elysée le 22 mai 2019 lors d’une rencontre à l’issue de laquelle on avait appris qu’il avait catégoriquement refusé le cessez-le-feu que la France lui aurait proposé.
La vraie question à se poser est celle de savoir pourquoi la France invite-t-elle un sanguinaire armé par les pays occidentaux et du Golfe pour détruire un pays qui est déjà à genoux. En effet, les atrocités commises par Haftar sont innombrables et les ONG sur place n’ont jamais cessé de dénoncer ses crimes. D’ailleurs, ce 13 février, l’ONG Human Rights Watch a accusé l’ex général d’avoir utilisé en décembre dernier à Tripoli des roquettes à sous munitions dont l’usage est pourtant interdit.
L’invitation adressée à Haftar par la France aurait probablement pour but de le requinquer au moment où il fait face à une résistance de plus en plus âpre de la part du gouvernement de Tripoli qui a récemment obtenu le précieux soutien des forces turques déployées par Erdogan.
Il convient de souligner que depuis bientôt six mois, les forces de Haftar n’ont toujours pas réussi à renverser le gouvernement de Tripoli malgré les soutiens de pays du Golfe qui, récemment, ont envoyé 3 000 tonnes d’armes à l’ex général. Un ex général qui n’inspire plus confiance aux richissimes chefs d’Etat du Golfe qui envisagent sérieusement de se débarrasser de lui s’il tarde à accomplir la mission qui lui est confiée.