On a toujours craint un duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Ce duel nous est désormais imposé. On ne peut plus y échapper. En effet, cela fait un peu plus d’un mois que les médias du système nous vendent l’idée que la France Insoumise est en train de traverser une crise interne sans précédent. Et ce n’est pas faux !
Selon ces mêmes médias, c’est la figure d’un Mélenchon « omnipotent, omniprésent et omniscient » qui pose un sérieux problème et qui pousse désormais des militants à claquer la porte d’un mouvement devenu, selon eux, « sectaire » et « autoritaire ». Ces rumeurs sont renforcées par les récents départs de personnalités de premier plan.
En effet, en mai dernier, à une semaine des Européennes, c’était Andrea Kotarac, ex membre de la France Insoumise, qui avait rejoint le Rassemblement National. Ce 8 juin, Charlotte Girard avait quitté le parti et ce 24 juin, c’est autour de Manon Le Bretton de claquer la porte du mouvement. Ces trois dénoncent un appareil politique qui « manque de démocratie » et qui ne défend plus « le peuple », selon Kotarac.
Quoi qu’il en soit, les départs se multiplient et confirment qu’il y a une véritable crise au sein de la France Insoumise. La situation est d’autant plus embarrassante pour Jean-Luc Mélenchon que son parti s’est effondré lors des élections européennes, avec seulement 6,31%.
Cependant, c’est un tout autre détail qui attire l’attention. Si vous remarquez bien, chaque départ de la France suscite un retentissement médiatique spectaculaire, notamment sur les réseaux sociaux. En suivant le traitement médiatique de ces départs, on a l’impression que les médias prennent les partis politiques pour des sectes où tous sont aux ordres d’un gourou qui dictent ses lois et où il ne peut y avoir de désaccords. Sauf que c’est loin d’être le cas.
En France, les partis politiques (de gauche comme de droite) sont en train de subir la recomposition d’un nouveau paysage politique marqué par un duel sans précédent entre l’extrême-droite et le centre incarné par Macron, par l’effondrement de la droite modérée, par l’avancée d’un parti écologiste qui se positionne désormais en leader à gauche et par la mort lente du PS. Et la France Insoumise, comme tout autre parti, ne résistera pas à cette recomposition du nouveau paysage politique français.
Il est indéniable que la France Insoumise est en train de traverser une crise endogène, mais il est aussi indéniable que les médias, qui n’ont aucun intérêt à voir le parti de Mélenchon en position de force, mènent depuis un bon moment une véritable campagne pour abattre une formation politique qui avait pris de court le système en occupant la 4ème position lors de la présidentielle 2017 (19,58%).
La campagne anti-LFI de la part des médias libéraux pro-Macron a tout son sens. Car, si jamais le parti de Mélenchon arrivait à un second tour d’une présidentielle, il y a de très forte chance qu’il la remporte. Ce qui n’est pas le cas de Marine Le Pen dont le parti porte toujours les stigmates d’une droite anti-Europe, raciste, xénophobe, fasciste et surtout antisémite.
D’ailleurs, les résultats des Européennes semblent avoir confirmé la donne. Rappelons que le Rassemblement National qui, pourtant partait favori, n’a rassemblé que 23,31% des voix. La presse fait état d’un taux d’abstention qui tourne autour de 42% et il n’y a aucun doute que les abstentionnistes ont été majoritairement de gauche, proches de Mélenchon. Autrement dit, s’ils s’étaient rendus aux urnes, la LFI n’aurait pas eu un résultat aussi médiocre.
C’est d’ailleurs ce qu’a confirmé un sondage Ifop qui estime que seuls 40% des électeurs de Mélenchon sont allés voter ce 26 mai. « Le phénomène n’est pas nouveau : Jean-Luc Mélenchon mobilise beaucoup pendant les élections présidentielles mais le score de son camp est plus faible que ça ne joue pas sur son nom », explique Mathieu Gallard, directeur de l’Ifop.
Les médias libéraux, dont les richissimes propriétaires ont tout intérêt à ce que Macron reste au pouvoir, ont créé un duel qui leur assurera leur survie. Sentant venir la mort du PS et l’effondrement des Républicains dont beaucoup ont rejoint Macron, il fallait à tout prix porter le dernier coup de poignard à une France Insoumise qui jusque-là représentait la seule vraie menace à gauche.
Le système veut garder Macron au pouvoir et cela passera inévitablement par un duel avec l’Extrême-Droite qui a perdu trois présidentielles ces vingt dernières années (2002, 2012 et 2017). Pour le moment, la situation lui va parfaitement. Sauf l’irruption à la dernière minute d’un véritable candidat antisystème (ce qui est très peu probable), le système est presque sûr d’avoir les cartes en main.