Moins d’une semaine après la révélation explosive sur les relations qui ont lié la multinationale américaine Uber et Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre français de l’Economie, l’ex lobbyiste de l’entreprise américaine, Mark MacGann, brise son silence et démolit Macron dans une interview accordée au journal Le Monde et intégralement lue par Lecourrier-du-soir.com.
En effet, interrogé par le média français, l’ex lobbyiste d’Uber vide son sac et explique les raisons qui l’ont poussé à dénoncer les méthodes de son ex employeur. « Parce que je pense que le pouvoir démesuré de certaines entreprises de technologie pose un problème pour notre démocratie. Je suis un grand fan d’Uber. Je trouve que c’est une technologie magnifique. J’ai cru dur comme fer qu’on allait pouvoir aider les gens à mieux vivre leur ville, à mieux se déplacer en toute sécurité à un prix tout à fait raisonnable, qu’on allait donner sa chance à des millions de personnes jusqu’alors invisibles. Des gens qui, en général, n’avaient pas le bac, n’avaient pas fait d’études, mais qui étaient prêts à travailler jour et nuit pour nourrir leur famille et pouvoir évoluer dans la vie. Quand je regarde maintenant comment les choses ont évolué, je me dis qu’il était important que je dise ma vérité. Pas pour critiquer l’entreprise Uber d’aujourd’hui, mais pour dire à ces gens qui se sentent laissés pour compte qu’on peut mieux faire », confie-t-il.
A la question de savoir s’il regrette certaines méthodes employées, il rétorque : « oui. On était tous pris dans un tourbillon. Je regrette le fait qu’on ait, quelque part, instrumentalisé les utilisateurs d’Uber, et encore plus les chauffeurs. Il y avait beaucoup de violence et je comprends parfaitement les chauffeurs de taxi. Ils avaient un certain droit sur le marché, alors qu’une entreprise vienne et dise « cette loi est illégitime, nous, on veut faire mieux pour moins cher », ça crée un contexte de violence inacceptable et j’en avais ma part de responsabilité ».
Mais, le détail le plus frappant dans l’interview qu’il a accordée au média français est la gifle assénée à Macron à qui il rappelle que ce n’est à une entreprise de dicter à la République comment elle doit réformer les choses. « Des chauffeurs étaient en danger, des consommateurs ont été tabassés, en France et ailleurs. Des gens ont perdu la vie au Brésil, au Mexique et en Afrique du Sud. Et même si nous croyions que notre projet était positif, nous aurions dû trouver un autre moyen de porter notre message. On aurait dû être plus patients, mais on voulait tout, tout de suite. On voulait une valorisation boursière sans précédent. Je pense qu’on aurait dû être plus adultes et respecter la démocratie », dit-il.
Et d’ajouter : « moi, j’étais tout à fait en faveur d’une déréglementation. Ça n’avait aucun sens pour le citoyen qu’il y ait le même nombre de licences de taxi à Paris en 2014 que dans les années 1950. Maintenant, ce n’est pas à une entreprise, qui plus est étrangère, de dicter à la République comment elle doit réformer les choses ».