Mario Monti, ex premier ministre italien, a accordé une interview exclusive au journal espagnol La Vanguardia publiée ce 3 mars 2018. L’ex premier ministre qui a dirigé l’Italie de 2011 à 2013 s’est prononcé sur plusieurs sujets, notamment sur les élections législatives italiennes qui tiennent en haleine toute l’Europe. Il a aussi regretté que son pays n’ait pas eu la chance d’avoir un Macron à sa tête
A la question de savoir comment il a vécu la campagne, il répond : « la campagne, c’est toujours le moment des promesses. Cette fois-ci, il y a eu des promesses sans précédent et irréelles. Mais, au bout du compte, celui qui gouvernera devra rendre des comptes à l’Europe et ceci explique la raison pour laquelle les marchés (financiers) sont assez calmes. Ce qui me dérange est que si l’Europe finit par être le bouc émissaire de tous les maux, elle deviendra de plus en plus antipathique pour l’opinion publique. »
A la remarque du journaliste qu’aucun des candidats ne sera probablement premier ministre, l’ex premier ministre italien rétorque : « une chose qui me dégoûte en tant qu’Italien, maintenant que je suis complètement en dehors (de la politique, ndlr), est qu’ils aient tous raté l’occasion de demander aux électeurs un mandat fort et sérieux comme celui que Macron a demandé il y a un an à la France. »
Et d’ajouter : « en ce moment, il (Emmanuel Macron) est dans une phase de réformes structurelles qui sont difficiles (à mener) et impopulaires, mais il a l’avantage de pouvoir dire qu’ils l’ont choisi avec ce mandat. Il s’agit d’imposer la force et cela ne s’est pas produit en Italie. »
« Il s’agit de diriger un orchestre et pas d’être soliste »
A la question de savoir si Matteo Renzi aurait pu être le Macron italien, Mario Monti répond : « au début, je l’ai soutenu avec enthousiasme. Il a fait preuve d’une grande capacité à franchir les obstacles et à parler au pays avec une communication très efficace, mais en tant que chef du gouvernement, il a été moins habile. Il s’agit de diriger un orchestre et pas d’être soliste. Il a perdu beaucoup de sympathisants parce qu’il a besoin de créer des ennemis comme l’air qu’il respire. »
Dans l’interview accordée à La Vanguardia, l’ex premier ministre est également revenu sur la montée en puissance du populisme en Italie. A la question de savoir qu’est ce qui a provoqué le retour du populisme dans ce pays, Mario Monti pointe du doigt la responsabilité des citoyens italiens.
« Je ne sais pas s’il y aura une instabilité politique en Italie »
« C’est une bonne question. Elle vient un peu de cette tendance des citoyens italiens à penser que les responsabilités viennent toujours de ceux qui gouvernent et non pas de nous-mêmes, en tant que citoyens, face à la grande évasion fiscale. Mais aussi, à mon avis, je dis que les partis politiques italiens ont fait preuve d’une très grande responsabilité entre 2011 et 2013. Mais, en 2013, au lieu de s’affirmer et dire : ‘nous aurions pu finir comme la Grèce et nous ne l’avons pas fait’, ils se sont reniés et se sont mis à critiquer un gouvernement qui n’existait plus, le mien, et à critiquer l’Europe. »
A la question de savoir si l’instabilité politique en Italie peut être un autre défi pour l’Europe, Mario Monti répond : « je ne sais pas s’il y aura une instabilité politique en Italie. Dimanche, quelque chose de très important va se passer en Allemagne. Attendons de voir ce qui se passera là-bas. »
Pour lire l’interview dans sa version originale en Espagnol, cliquez ici : La Vanguardia