Le journal Le Monde est revenu sur un sujet très peu traité par les historiens français qui est celui du « Blanchiment » de l’armée française lors de la célébration de la Libération de Paris en 1944, à l’issue d’une guerre dans laquelle des Noirs venus d’Afrique avaient versé leur sang
Quand on cache les vaillants soldats noirs qui ont participé à la libération de Paris en 1944. 75 ans après la libération de Paris, des révélations sont faites pour dévoiler une réalité jusqu’ici ignorée (ou sciemment tenue secrète) par les historiens afin de ne pas offenser les Français issus des anciennes colonies, notamment africaines.
En effet, un documentaire publié ce 24 août par le journal Le Monde révèle qu’en 1944, lors de la libération de Paris, les habitants de la capitale française ont célébré en grande pompe la fin de quatre années d’occupation allemande. Dans les rues de la vieille capitale, une foule immense en liesse accueille des soldats français. On chante, on applaudit et on danse jusqu’au soir.
« Le Blanchiment »
Mais, un détail particulier attire l’attention des chercheurs. En effet, lors de la célébration de la libération de Paris en 44, aucun soldat noir n’est présent. Tous sont blancs, d’origine européenne. Et pourtant, il n’y a aucun doute que des contingents de tirailleurs sénégalais avaient été déployés en France durant cette guerre afin de libérer une capitale assiégée par des troupes étrangères.
Pour comprendre pourquoi les Noirs n’ont jamais été montrés au grand public, le journal Le Monde s’est adressé à un chercheur du nom de Raffael Check, professeur d’histoire moderne de l’Europe au Colby College, aux Etats-Unis. Ce dernier explique ce procédé sous le nom de « Blanchiment ».
Expliquant le « Blanchiment », le professeur dira : « ça veut dire retirer du front les soldats noirs, surtout les soldats venus des colonies françaises au sud du Sahara, en les remplaçant par des soldats blancs, parfois quelques nord-africains, mais surtout des soldats blancs métropolitains ou de la population européenne de l’Afrique du Nord ».
« Les Américains ne veulent plus de Noirs dans la 2ème DB »
Selon le journal Le Monde, c’est exactement ce qui est arrivé à la Division Leclerc aussi appelée la 2ème DB, une division d’élite qui comptait en son sein de nombreux soldats noirs venus d’Afrique. Selon le journal français, c’est à partir de 1943 que tout va changer. Il n’y aura plus de Noirs dans cette division.
L’explication est simple : la 2ème DB est totalement entre les mains des Etats-Unis qui l’équipent et l’instruisent. Les Américains posent leur condition : plus de Noirs dans cette division. Selon le chercheur, les Américains avaient pris cette décision en défendant l’idée que les Noirs n’étaient pas capables de conduire des chars. A l’époque, l’armée américaine était à l’image de son pays. Les Noirs et les Blancs étaient séparés.
« 3 603 tirailleurs sénégalais sont retirés »
Obéissant aux américains, le Général Leclerc accepte finalement de se séparer de 3 603 tirailleurs sénégalais. Le journal Le Monde ajoute qu’à l’été 1943, la 2ème DB ne comptait qu’un soldat noir du nom de Claude Mademba Sy. Selon l’historien, l’armée française, à l’époque fragilisée par une profonde crise financière, ne pouvait pas s’opposer à la décision américaine de blanchir la 2ème DB. La France finira par accepter.
Toutefois, selon Le Monde, cela ne dédouane pas la France. En effet, le journal français explique dans le documentaire que l’armée française a, elle-aussi, bien pratiqué le « Blanchiment » pendant la 1ère Guerre Mondiale, mais surtout en 1944 lorsque De Gaulle exige que 15 000 tirailleurs sénégalais soient remplacés. La raison avancée par De Gaulle était que les Noirs ne supportaient pas le froid. Mais, selon le journal, c’est faux. L’objectif de De Gaulle était en effet de faire de la place pour incorporer des membres de la résistance française, les FFI (Force Française de l’Intérieur).
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