La Libye est à feu et à sang. Ce mercredi, un centre d’accueil de migrants a été la cible d’une frappe aérienne à Tajoura. Le bilan est lourd : 44 personnes ont été tuées et une douzaine d’autres blessés. Pour l’heure, on ignore totalement le responsable de cet acte ignoble commis dans un pays où deux gouvernements se livrent à une guerre sans merci pour le contrôle du pouvoir.
La frappe aérienne perpétrée dans un centre d’accueil pour migrants a suscité un vif tollé. L’ONU, qui reconnaît le gouvernement de Tripoli dirigé par Fayez Al-Siraj, a immédiatement ordonné l’ouverture d’une enquête pour désigner les responsables. Pour le gouvernement de Tripoli, il n’y a aucun doute que le maréchal Haftar, soutenu par la France, les pays du Golfe et les Etats-Unis, est derrière cette attaque.
Le plus grave dans cette histoire est que pendant que le peuple libyen se bat tous les jours pour assurer sa survie, à Paris, les deux hommes qui avaient été à l’origine de cette guerre civile (Sarkozy et Bernard Henri-Lévy) se la coulent douce en France. En effet, en 2011, en pleine révolution arabe, Nicolas Sarkozy, à l’époque président de la France, parlait de « folie meurtrière de Kadhafi » avant de déclencher des frappes militaires contre la Libye.
Pour justifier la guerre en Libye, Sarkozy avait adopté la même stratégie que l’administration Bush en jouant jusqu’au bout la « carte humaniste ». En 2003, Bush disait vouloir « apporter la démocratie aux Irakiens », Sarkozy, en 2011, disait vouloir libérer le peuple libyen du dictateur Kadhafi. « Des peuples arabes ont choisi de se libérer de la servitude dans laquelle ils se sentaient depuis trop longtemps enfermés. (…) Ces peuples arabes ont besoin de notre aide et de notre soutien, c’est de notre devoir », disait l’ex président français.
Huit ans plus tard, nous connaissons la suite. Kadhafi a été tué comme un chien en pleine rue. Sarkozy a perdu le pouvoir en 2012 face à son rival, François Hollande. En Libye, la situation ne s’est guère améliorée. Il n’y a eu ni « libération », ni « démocratie ». Et Sarkozy n’a jamais pu mettre fin à la « servitude » qu’il dénonçait.
La Libye est devenue une jungle où désormais deux hommes se livrent une guerre sans merci pour contrôler le pays. Là aussi, la logique voudrait que la France se tienne à l’écart. Mais, il n’a jamais été le cas. En raison de la richesse de ce pays en pétrole, la France de Macron a voulu se ranger d’un camp en soutenant l’homme qui serait le pire dictateur de l’histoire de ce pays : le maréchal Haftar.
Il n’y aucun doute que la France fournit des armes au maréchal qui veut marcher sur Tripoli. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le gouvernement libyen, reconnu par l’ONU, accusait la France d’avoir donné le feu vert à Haftar pour prendre la capitale en échange d’importants contrats pétroliers. Et ce n’est d’ailleurs pas pour rien que ce même gouvernement libyen avait rappelé en avril dernier Béatrice de Hellen, ambassadrice de France à Tripoli. La visite du maréchal Haftar le 22 mai dernier à l’Elysée confirme tout.
Pendant que la Libye brûle, tous ceux qui avaient appelé ouvertement à renverser le régime de Kadhafi se la coulent douce à Paris. Sarko, malgré ses récents ennuis judiciaires, ne semble pas trop se préoccuper du sort des Libyens. Il vient de publier son livre « Passions » où il parle de tout sauf la Libye.
Et il n’est pas le seul. Avant et pendant les opérations militaires de 2012 en Libye, un proche de Sarkozy, Bernard-Henri Lévy (BHL), avait vaillamment défendu sur tous les plateaux de télévision la nécessité de se débarrasser de Kadhafi. « Si Kadhafi reprend le pouvoir, c’est une catastrophe pour la Libye. (…) Il faut isoler les gangsters », disait BHL sur TV5 Monde le 17 mars 2011.
Aujourd’hui, après avoir plongé la Libye dans un enfer d’où elle ne sortira probablement jamais, Nicolas Sarkozy et Bernard-Henri Lévy (BHL) ont complètement oublié ce pays qu’ils ont laissé entre les mains des groupes terroristes qui saccagent tout sur leur passage et mènent la vie dure aux femmes et enfants.
Dans un monde juste, ces deux personnages seraient traînés devant un tribunal international où ils seront jugés pour crimes de guerre. Mais, pour l’instant, ils jouissent d’une liberté totale pendant que jeunes, enfants, femmes, adultes, vieillards et migrants se font massacrer quotidiennement dans un pays où seule règne désormais la loi du plus fort.