L’ONG internationale de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch, s’inquiète du projet de loi anti-terroriste que le gouvernement sénégalais veut faire passer à tout prix, évoquant les risques qu’il ne serve à museler la dissidence et à menacer les droits humains
Une loi anti-terroriste qui ne passe pas inaperçue. En effet, une semaine après l’annonce du projet de loi anti-terroriste que le gouvernement sénégalais veut faire passer, plusieurs organisations internationales, dont Human Rights Watch tirent la sonnette d’alarme et dénoncent une volonté déguisée de Macky Sall de s’attaquer aux droits humains.
C’est ainsi que ce 5 juillet l’ONG internationale s’est prononcée sur cette loi qui a suscité une vive indignation de l’opposition sénégalaise qui l’interprète comme une tentative de criminaliser les opposants politiques. Dans un communiqué publié sur son site et intégralement lu par Lecourrier-du-soir.com, Human Rights Watch n’a pas manqué de faire part de sa crainte.
L’ONG internationale demande à l’Etat de ne pas instrumentaliser ces deux lois pour museler la dissidence. « Bien que les autorités aient des inquiétudes légitimes au sujet de l’influence croissante des groupes armés islamistes au Sahel et de la menace qu’ils peuvent faire peser sur le Sénégal, elles devraient s’assurer que ces lois ne sont pas instrumentalisées pour supprimer les droits fondamentaux », a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur l’Afrique centrale à Human Rights Watch.
« Enquêtez sur les morts »
Il convient de rappeler que ce n’est pas la première fois que l’organisation internationale Human Rights Watch recadre le Sénégal. En effet, en mars dernier, à la suite des violentes manifestations qui avaient secoué le pays, l’organisation avait exigé du gouvernement sénégalais qu’il libère les prisonniers politiques.
“Enquêtez sur les morts et les blessés parmi les manifestants, libérez celles et ceux qui ont été arrêtés de manière arbitraire”, réclamait l’ONG dans un communiqué. Et d’ajouter : « les autorités sénégalaises devraient immédiatement ouvrir une enquête indépendante et transparente concernant la mort de quelque 10 manifestants et la blessure de plusieurs autres. (…) Le gouvernement devrait libérer les prisonniers détenus en raison de leurs convictions politiques et ceux arrêtés alors qu’ils manifestaient pacifiquement ».
Dans le communiqué intégralement lu par Lecourrier-du-soir.com, Human Rights Watch soulignait un point crucial : la nécessité de garantir la liberté d’expression. Sur ce, sa position est claire : la liberté d’expression et de réunion doivent être garanties à tous les citoyens. Il est donc évident que ce projet de loi très controversé que l’Etat sénégalais veut faire passer à tout prix suscite l’immense inquiétude de l’organisation internationale.