La loi anticasseurs annoncée il y a quelques semaines par Edouard Philippe, premier ministre français, divise profondément la classe politique. Certains ne se limitent plus à la critiquer. Ils veulent en effet son abrogation pure et simple. C’est notamment le cas de Arié Alimi, avocat au barreau de Paris et membre de la Ligue des droits de l’homme (LDH)
Dans une interview accordée à France Info, l’avocat ne mâche pas ses mots. « C’est un texte qui doit être jeté intégralement dans la mesure où chaque disposition est ultra-liberticide et modifie radicalement l’équilibre naturel et légal du droit de manifester en France », s’indigne Arié Alimi.
« Cela est problématique »
Et d’ajouter : « la première chose est de protéger le droit de manifester qui est un droit constitutionnel. Et puis il faut permettre aux familles de revenir dans les manifestations. C’était le cas le 1er-Mai, par exemple. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. » Dans l’interview, Arié Alimi estime que le gouvernement tente d’ « empêcher ses opposants politiques de manifester. »
A la question de savoir si ce texte est liberticide, il répond : « la disposition la plus grave concerne l’interdiction de manifester, possiblement envisagée pour certaines personnes, compte tenu d’un risque de trouble à l’ordre public, ou simplement si vous connaissez des personnes qui peuvent causer ces troubles. Cela est problématique. »
« Ce texte ne fait qu’aggraver l’infraction et la pénalité »
Il poursuit : « je résume : si une personne connaît une autre personne qui peut causer un trouble dans une manifestation, le gouvernement a le droit d’interdire à cette première personne de manifester. De plus, c’est le gouvernement, et non le juge judiciaire, qui interdira de à cette personne de défiler. Et cette personne va figurer dans un fichier (…). Aujourd’hui, on donne au gouvernement la possibilité d’empêcher ses opposants politiques de manifester. »
A la question de savoir si dissimuler son visage dans la rue est de nature à dissuader les casseurs, l’avocat rétorque : « ce texte ne fait qu’aggraver l’infraction et la pénalité qui existent déjà. Avoir le visage intégralement dissimulé est déjà interdit. Mais, avec ce texte, on parle d’interdire le fait d’avoir le visage partiellement dissimulé ». Pour Arié Alimi, compte tenu de la violence des manifestations, il est inconcevable que des manifestants viennent manifester sans une protection sur le visage.