A deux ans de la présidentielle et au moment où Emmanuel Macron traverse une crise sans précédent, un sondage sortie de nulle part nous prédit que si l’élection présidentielle 2022 venait à avoir lieu aujourd’hui, le président français serait au second tour avec Marine Le Pen, chef de file du Rassemblement National, ex Front National.
D’après le sondage Ifop pour CNews et Sud Radio, Emmanuel Macron et Marine Le Pen seraient au coude-à-coude, 28% des voix. Les Républicains, la France Insoumise, le Parti Socialiste, Europe Ecologie Les Verts, Debout la France se seraient littéralement effondrés. Au second tour entre Macron et Le Pen, le sondage donne une victoire nette du candidat LREM (55%) sur sa rivale d’extrême-droite (45%).
Ce qu’il faut faire remarquer est le manque sérieux de rigueur dans un sondage publié à deux ans d’une présidentielle et au moment où les deux candidats annoncés au second tour traversent une crise politique sans précédent. En effet, Marine Le Pen ne fait plus rêver à droite et a été récemment abandonnée par bon nombre d’ex collaborateurs qui la jugent inapte à gouverner la France.
Penchons-nous un peu sur les propos de ses anciens alliés pour voir à quel point elle est discréditée jusque dans son propre camp. « Marine Le Pen, je la trouve courageuse, je la trouve opiniâtre, je lui trouve une énergie, mais elle ne sera pas le prochain chef de l’Etat », a récemment déclaré Robert Ménard, maire de Béziers et proche du Rassemblement National dans une interview accordée à Jean-Jacques Bourdin.
Aussi, dois-je rappeler qu’en 2018, Florian Philippan, ex bras droit de Marine Le Pen, n’avait pas hésité à tacler le chef de file du Rassemblement National en ces termes : « je ne crois pas qu’elle puisse devenir présidente et elle le sait. Je pense que le Front National ne peut pas arriver au pouvoir, que les extrêmes ne peuvent pas arriver au pouvoir ». Le départ de Philippot a complètement fragilisé le parti car quelques jours plus tard, d’autres abandonneront le navire.
Quand est-il d’Emmanuel Macron? Il n’y a aucun doute que le plus jeune président de la Vème République est extrêmement dynamique et a la volonté de réformer la France. Mais, depuis son arrivée à la tête de ce pays, les Français n’ont jamais voulu lui offrir une chance de gouverner, le soupçonnant d’avoir été installé au pouvoir par une oligarchie financière dont l’unique objectif est de mettre fin à l’Etat-providence français.
Et à y voir de près, ils n’ont pas tort. En effet, depuis son accession à la tête du pays, Emmanuel Macron n’a cessé de prendre des mesures impopulaires et pire, s’est entêté à les faire passer malgré l’opposition frontale d’une grande partie de la population. La réforme des retraites, la réforme du marché du travail, la fin du statut cheminot, la hausse de la taxe carbone (qui avait déclenché la crise ds Gilets Jaunes), la privatisation de la Française des Jeux, de l’ADP…ont été autant de mesures impopulaires auxquelles un chef d’Etat, soucieux de servir le peuple, aurait renoncé dès les premières heures. Pourtant, il n’a jamais songé à ranger ses dossiers dans les tiroirs.
Cette obsession à vouloir réformer un pays à tout prix, quitte à mettre en danger le pouvoir, laisse penser que Macron n’a été élu que pour faire passer un agenda qui lui a été imposé par les oligarchies financières qui semblent d’ailleurs avoir pris le contrôle du pouvoir dès son élection en 2017. La démission de Nicolas Hulot dénonçant la présence de lobbys au sein du pouvoir en est la preuve.
La réalité actuelle de la France est que l’opposition est très fragilisée et ne dispose pas de suffisamment de moyens ni d’arguments pour faire face au pouvoir. Les Républicains sont en voie de disparition et n’ont plus de leaders. D’ailleurs, Alain Juppé, pressenti pour sortir ce parti de l’ornière, s’est retiré et refuse de renouveler sa cotisation au parti.
Mélenchon reste un adverse très redoutable en termes d’expérience politique mais aussi en termes de nombre d’électeurs. D’ailleurs, en 2017, il a été à deux doigts de se retrouver au second tour. Cependant, il peine encore à convaincre et la défaite cuisante de son parti lors des Européennes (6,31%) semble avoir brisé son élan. Quant au Parti Socialiste, il est mort et enterré et la défaite cuisante de son chef de file, Benoît Hamon, lors de la présidentielle de 2017 (6%) a été le dernier coup de poignard.
Il est ainsi évident que face à Macron et Le Pen, l’opposition ne fait pas le poids. Cependant, il serait naïf de penser que (parce que l’opposition est à genoux) le candidat LREM et RN accéderont inévitablement au second tour sans coup férir. Si la qualification au second tour de Le Pen est presque une certitude, ce n’est point le cas pour Macron.
En effet, le président français n’a jamais été aussi affaibli au point que même son premier ministre lui ravit la vedette, d’après les récents sondages. Macron n’a aucune chance de se retrouver au second tour. Son élimination dès le premier tour serait presque une certitude et l’hypothèse qu’il abandonne le pouvoir avant 2022 n’est plus écartée. Le malheur du plus jeune président de la Vème République est d’être à la fois rejeté par l’opposition toute entière, que ce soit à gauche comme à droite.
En l’état actuel des choses, tout sondage prédisant une qualification de Macron est une pure Fake News, une véritable tentative de manipuler les masses pour imposer aux Français un candidat qui n’a jamais trouvé grâce à leurs yeux et qui a complètement été abattu par une série de scandales politiques, dont le plus récent a été la gestion de la crise sanitaire.
Le système ne veut pas de Le Pen. Tout le monde le sait. Il ne veut pas non plus de Mélenchon. Et face à la mort lente du PS et des LR, le maintien de Macron reste sa seule option pour garder la main mais il a peur de l’imposer aux Français qui, en deux ans, ont ouvertement fait savoir qu’il n’en voulaient plus. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si Alain Minc, très proche de Macron, dit que la présidentielle de 2022 sera la plus risquée de l’Histoire de France. En reconnaissant cet état de fait, il avoue que le système est sérieusement en train de trembler.
Le système veut se débarrasser de l’actuel président. Mais, il peine à lui trouver un remplaçant qui pourra poursuivre, en douceur, les réformes socio-économiques de la France. D’ici là, il tente de divertir le peuple en prédisant, à deux ans de la présidentielle, une victoire de son candidat. C’est une véritable propagande médiatique destinée à préparer psychologiquement les Français à l’arrivée d’un « Macron Bis ». Le système n’a pas encore dit son dernier mot.