Benoît Hamon, chef de file du Parti Socialiste, a accordé une interview exclusive à Libération publiée ce samedi 14 avril 2017. Dans l’interview, Hamon s’oppose à toute idée sur la mort du PS, s’attaque violemment à Mélenchon et à Macron et se dit prêt à aller jusqu’au bout pour reconstruire le Parti Socialiste
A sept jours de la présidentielle française, Benoît Hamon accorde une interview exclusive à Libération. Le candidat du Parti Socialiste, donné cinquième dans les sondages, ne s’avoue pas vaincu. Très malmené par son rival de gauche Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon dit qu’il ira jusqu’au bout et se dit prêt à reconstruire le PS.
Dans l’interview exclusive publiée ce samedi, Benoît Hamon dit être un combattant. « Je suis un combattant. Que ce soit bien clair, je suis en campagne jusqu’au bout pour convaincre et éviter que les électeurs soient tentés de choisir un ‘bon candidat’, alors que l’enjeu est de choisir un bon président ».
« C’est de l’imposture »
Benoît Hamon, de plus en plus isolé par son propre camp, s’est exprimé sur le ralliement des membres du PS à Emmanuel Macron. Sur le candidat d’En Marche !, il dira : « son agenda économique et social se situe dans les clous du dogme austéritaire bruxellois. Si son projet, c’est « et de droite et de gauche », où sont les consciences de gauche pour lui dire que, sur la question du droit du travail a minima, on ne procède pas par ordonnances après le traumatisme qu’a été le 49.3 sur la loi travail ? », se demande-t-il.
Et de poursuivre : « s’il subsiste un tout petit peu de conscience politique à tous ces dirigeants qui se disent de gauche et soutiennent Macron, où sont-ils ? Voilà un homme qui dit ‘vive la réconciliation sociale’, mais met fin paritarisme. C’est de l’imposture, Emmanuel Macron n’est pas prêt à gouverner. Prenez ses propos sur la colonisation : dire à Paris, dans un livre, qu’il y a du ‘bon’ et que c’est un ‘crime contre l’humanité’ quand on est à Alger, où est la vérité ? ».
« La France a besoin de la gauche que je représente »
Au cours de cette interview, le candidat du PS s’est exprimé sur son rival Jean-Luc Mélenchon. Sur la question de savoir pourquoi il ne s’est pas rangé du côté de Mélenchon, Benoît Hamon rétorque : « d’abord, la politique n’est pas de l’arithmétique. Ensuite, ce combat que nous menons séparément ira jusqu’au 23 avril parce que, je le dis, on ne gouverne pas ou on ne construit pas la gauche sur la sortie de l’Europe. (…), la gauche ne peut pas proposer aux générations futures d’envisager son destin hors de l’UE ».
Hamon écarte tout ralliement vers Mélenchon. « Bien sûr, il y a aura un bulletin de vote Benoît Hamon. La France a besoin de la gauche que je représente : sociale, écologiste, européenne et ouverte. Celle qui a apporté l’essentiel du patrimoine des droits sociaux et démocratiques de notre pays. Vous savez, des milliers d’élus locaux, des milliers d’activistes, de citoyens me soutiennent. Ce sont des gens qui font le boulot et ils m’importent plus que d’autres », soutient-il.
« Mélenchon fait preuve d’indulgence en matière de politique étrangère »
Benoît Hamon dit avoir trouvé un point commun entre la gauche de Manuel Valls et celle de Mélenchon : la question démocratique. A la question du journaliste : « Pourquoi Mélenchon ? », Hamon enchaîne : « il fait preuve d’indulgence en matière de politique étrangère, à l’égard des pays qui restreignent les libertés publiques. Toute cette zone grise qu’il a volontairement entretenue sur la Russie de Poutine et sur Assad participe de la confusion de notre époque ».
Dans son interview, Hamon minimise le candidat de la France insoumise. « Mes adversaires sont Marine Le Pen et François Fillon. Mélenchon n’a occupé qu’une fraction minime de mon temps de parole. Sauf sur la question européenne, pour m’en distinguer. Mais, je ne peux pas faire ma campagne sur un futur désirable et faire l’impasse sur le fait qu’il propose de sortir de l’Europe et de l’euro ! », déclare-t-il.
« Nous sommes dans une crise morale »
Il note que le plan A de Jean-Luc Mélenchon sur la renégociation des traités européens n’est pas raisonnable. « Non. Si le plan A était raisonnable peut-être (il y aurait cru, ndlr), mais, il ne l’est pas. Le passage d’une Europe allemande à une Europe française, personne n’y croit. Cette stratégie est vouée à l’échec ».
Benoît Hamon n’a pas manqué de dénoncer l’attitude de certains camarades de la gauche, opposés à sa ligne et qui aimeraient reprendre la main. « Ceux-là, je les ai croisés alors que je faisais campagne aux Antilles, dans le même hôtel que moi…mais, eux étaient en vacances. (…) Nous sommes dans une crise morale. Pas seulement politique. Moi, je continue à penser que les mots ont un sens », dira-t-il.
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