Mandat d’arrêt international : la dernière stratégie Macron et de Macky Sall pour détruire l’avocat Juan Branco

L’enchevêtrement des événements semble confirmer qu’il y a une réelle volonté de la part de Paris et de Dakar de réduire Juan Branco au silence.

La sentence est tombée. Ce 14 juillet, la justice sénégalaise a annoncé avoir lancé un mandat d’arrêt international contre Juan Branco (avocat français de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko) qui, ces derniers mois, a été sous les feux de la rampe après avoir menacé de lancer un mandat d’arrêt international auprès de la CPI contre le président sénégalais, Macky Sall et des membres de son gouvernement.

Les menaces proférées par le très influent avocat Gilet Jaune semblent plonger l’Etat sénégalais dans l’embarras depuis les violences de juin dernier qui ont fait une vingtaine de morts. Pour info, ces violences avaient été déclenchées par une énorme vague de contestation populaire à la suite de la décision judiciaire de condamner Sonko à deux ans de prison. Une condamnation qui, logiquement, devrait l’éliminer de la course à la présidentielle de 2024.

Mais, revenons à notre sujet. Ce 14 juillet, dans un communiqué lu par Lecourrier-du-soir.com, le Procureur de la République s’est expliqué sur sa décision qui a fait la une des médias locaux. « Après avoir revu la compilation des déclarations, écrits et posts à travers tout support du Sieur Juan BRANCO, il a été relevé des événements qui, manifestement, sont de nature à engager sa responsabilité », se justifie le parquet qui évoque des faits qualifiés de crimes et de délits.

Les choses sont donc très claires. La justice sénégalaise a décidé de contre-attaquer après avoir commis l’immense erreur de laisser le terrain à un avocat hyper-médiatisé qui, ces dernières semaines, a eu les coudées franches pour donner du fil à retordre à un Etat sénégalais totalement désaxé.

Mais, ce qui est intéressant à noter dans cette affaire, c’est la succession d’événements qui laisse penser qu’il y a une réelle coordination entre Emmanuel Macron et Macky Sall pour neutraliser Juan Branco devenu trop gênant pour la France et ses intérêts en Afrique. Et je m’explique.

En effet, le mandat d’arrêt international lancé par la justice sénégalaise a été émis quelques heures seulement après la plainte du Quai d’Orsay (ministère français des Affaires étrangères) contre le même avocat. Paris accuse Branco de mettre en danger des fonctionnaires français basés au Sénégal en divulguant leur identité. Une plainte que l’avocat interprète comme une « intimidation » contre sa personne.

« Les faits que nous avons révélés ont montré l’implication d’agents français dans l’organisation et l’exécution de la répression mise en oeuvre par le régime de Macky Sall contre des manifestants démocratiques, ayant fait 60 morts, ainsi que des milliers de détenus et blessés. Ce sont des crimes contre l’humanité, passibles de poursuites devant la Cour pénale internationale et devant les juridictions françaises. Ils sont imprescriptibles. Le Quai d’Orsay ne les a jamais dénoncés. Nous ne céderons à aucune intimidation », s’est-il empressé de réagir sur un post publié sur sa page Twitter ce 12 juillet.

Il faut dire que la posture de Branco dans cette crise politique qui secoue le Sénégal depuis un an et demi met l’Etat dans une situation extrêmement inconfortable pour des raisons que nous connaissons tous :

1) Juan Branco a réussi à internationaliser une affaire politique que Macky et son entourage ont tenté d’étouffer à tout prix

2) la plainte déposée contre l’Etat sénégalais auprès de la Cour Pénale Internationale pourrait gravement écorner l’image de Macky Sall et pourrait lui priver d’une éventuelle promotion à la fin de son ultime et dernier mandat

3) Branco, par des agissements politico-médiatico-judiciaires, a presque réussi un coup de maître en redonnant à l’opposant Ousmane Sonko une stature de leader international confirmée par sa récente interview accordée à la chaîne France 24 qui fut un succès éclatant car ayant capitalisé, en moins d’une semaine, plus de 1,5 millions de vues. Un record absolu!

Macron et Macky, ayant compris le péril que représente l’avocat français, sont alors persuadés que le seul moyen de neutraliser Branco politiquement est de l’accabler juridiquement. Cette stratégie, aussi dangereuse soit-elle, a le mérite de briser son élan, de le faire reculer et éventuellement d’offrir à l’Etat sénégalais (complètement paumé) l’ultime opportunité de porter le dernier coup de poignard à un homme qui met sérieusement en danger la France et ses intérêts au Sénégal.

Affaire à suivre!