Manif des policiers ou précampagne de l’extrême-droite ? : hier, on a craché sur la mémoire des Gilets Jaunes

Manif des policiers ou précampagne déguisée de l’extrême-droite? Il faut choisir. S’il est extrêmement dangereux d’établir un quelconque lien entre l’extrême-droite française et la police nationale, la présence, en très grand nombre, d’idéologues proches du RN ce mercredi à la manif des policiers soulève tout de même des interrogations.

En effet, ce 19 mai, les policiers ont manifesté à Paris pour dénoncer les violences qu’ils subissent quotidiennement dans le cadre de leur noble mission qui consiste à protéger les citoyens de ce pays, quelle que soit leur couleur de peau, leur religion ou leur appartenance politique.

Cette manifestation est à saluer et Lecourrier-du-soir.com assume totalement son soutien sans faille à la police française qui, ces derniers mois, fait face à une vague d’agressions inacceptables sur son sol. A Avignon, un policier a récemment été tué alors qu’il tentait de faire régner l’ordre. A Rambouillet, un terroriste a récemment ôté la vie à une agente de la police dont le seul tort a été de défendre les citoyens de ce pays. Dans un état de droit, ceci est inacceptable.

Et, hélas, ces derniers jours, de nombreuses agressions visant des policiers continuent d’être perpétrées sur le sol français dans plusieurs endroits du pays où policiers et gendarmes sont pris pour cible alors qu’ils tentent, tant bien que mal, de rétablir l’ordre et la loi dans des territoires perdus de la République.

Ceci dit, soutenir la police dans le contexte actuel est un devoir moral qui incombe à tout citoyen. Car, lorsque celles et ceux qui veillent sur nous matin, midi et soir (et dans des conditions parfois inhumaines) sont constamment agressés, caillassés et tués, c’est qu’il y a évidemment quelque chose qui ne va plus. Et la gauche a part de responsabilité dans cela.

Cependant, il serait très irresponsable de la part des citoyens de laisser la police être prise en otage par une idéologie défendue bec et ongles par des marchands de peur qui ne rêvent que de voir la France basculer dans une Guerre Civile. Et hélas, à voir les images de cette manifestation, il y a évidemment lieu de se poser des questions.

En tout cas, celles et ceux qui ont vu les images de la manif de la police de ce 19 mai doivent se poser la question de savoir s’il s’agissait d’une manifestation de soutien à nos forces de l’ordre ou d’une précampagne déguisée de l’extrême-droite qui prépare l’une des élections les plus importantes que la France n’ait jamais connue.

En effet, ce mercredi, une grande partie des citoyens ont remarqué la présence de tous les idéologues d’extrême-droite (Darmanin y compris) qui, depuis bientôt une décennie, nous prédisent l’arrivée inévitable d’une Guerre Civile et stigmatisent violemment les habitants de la France périphérique qu’ils accusent à tort de vouloir détruire ce pays.

Fait étrange, ces prophètes de malheur qui ont réussi, à travers la manipulation et la propagande médiatique, à terroriser la population pour mieux légitimer leur idéologie funeste et périlleuse n’ont pas été présents lors des manifs Gilets Jaunes lorsque le vrai peuple de France se faisait sauvagement tabasser par une police d’Etat qui n’a jamais lésiné sur les moyens pour les réprimer avec une violence inouïe.

Pourtant, (et étrangement), ce 19 mai, aucun d’entre eux n’a manqué à l’appel de la Police Nationale qui, d’ailleurs, n’a jamais voulu politiser sa colère et ses préoccupations. Cependant, le contexte étant ce qu’il est, une bande d’opportunistes dont le seul rêve est de s’emparer du pouvoir en a profité pour en faire un événement politique, sabotant complètement l’esprit d’une manif dont la légitimité n’est plus à démontrer.

Mais, au-delà de la présence (à cette manif) de cette horde d’opportunistes qui s’est délectée du malheur des Gilets Jaunes qu’elle a traités de casseurs sur tous les plateaux de télévision, c’est le caractère sacro-saint de la Police Nationale qui devrait inquiéter plus d’un.

En effet, depuis plusieurs semaines, on a le sentiment que la Police Nationale est devenue un corps exempt de critiques, que celles et ceux qui remettent en cause son travail ou dénoncent les violences de quelques membres de ses effectifs sont des ennemis de la République voire des anti-Français qui s’inspirent des méthodes appliquées par des mouvements de contestation basés aux Etats-Unis pour égorger la République et tuer la France.

Aujourd’hui, le constat est alarmant. Au nom de la lutte contre l’insécurité, l’islamisme radical, le trafic de drogue et la haine de la France, aucun citoyen n’est autorisé à tenir un avis défavorable sur la Police Nationale qui doit être la police de tous les citoyens. En France, celles et ceux qui louent le travail des forces de l’ordre tout en taisant les violences commises par ces dernières sont auréolés. Ils ont droit à la parole et peuvent aller jusqu’à encourager le passage à tabac de tous ceux et toutes celles qui refuseraient de se soumettre à l’autorité étatique.

La situation est telle que les violences policières (contre les Gilets Jaunes et les populations civiles) semblent désormais normalisées par l’Etat et les médias en France. Les défenseurs des familles de victimes de violences policières sont obligés de raser les murs pour éviter de subir les foudres des sympathisants pro-Police qui n’hésitent plus à prendre d’assaut les médias et réseaux sociaux pour y détruire (via la calomnie et la diffamation) celles et ceux qu’ils accusent à tort de défendre les délinquants.

Je n’éprouve aucune pitié à l’égard des racailles de banlieue qui rendent la vie dure à nos forces de police dans les cités où ils interviennent très régulièrement pour y faire régner l’ordre. Je n’éprouve non plus aucune pitié à l’endroit des Blacks Blocs ou des mouvements proches de la gauche radicale lorsqu’ils appellent ouvertement à casser du flic dans les manifs. Car, je reste convaincu que là où l’autorité de l’Etat (incarnée par la police) ne s’exerce plus, s’y installe un climat de terreur et de violence qui finira tôt ou tort par se retourner contre la République.

Cependant, je n’aimerais pas non plus voir s’installer dans ce pays que nous aimons tant une sacralisation de la police qui, au nom d’un danger qui guette la République, serait dotée de tous les pouvoirs pour réprimer des citoyens totalement désarmés sans avoir de compte à rendre à personne.

Chaque Français devrait s’inquiéter de la naissance de mouvements racialistes qui, s’inspirant de ce qui se fait aux Etats-Unis, veulent diviser le pays en deux. Mais chaque Français devrait aussi s’inquiéter de vivre dans un pays où tout citoyen qui s’aventurerait à dénoncer les violences exercées par les forces de l’ordre serait considéré comme un paria, rejeté et banni de tous.

Les policiers sont devenus des proies faciles dans certaines parties du territoire français. Il n’y aucun doute là-dessus. Mais, quoi qu’on puisse dire, n’oublions pas que ce sont eux qui détiennent les armes et pas la population civile. Donc, si l’on doit chercher les vraies victimes, la réponse est vite trouvée.

La manif des policiers de ce 19 mai a été politiquement récupérée par un groupe de vautours de la politique qui ont fini par le transformer en un meeting de sympathisants d’une idéologie dont la survie est alimentée par la peur, la manipulation et le mensonge. Au fil des ans, ces vautours ont réussi à nous faire croire qu’ils sont les seuls à aimer et à protéger la police en cautionnant toutes ses dérives sans hésiter une seule seconde à désigner à la vindicte populaire celles et ceux qui osent émettre la moindre critique sur le manque de professionnalisme de quelques éléments de cette même police qui a tant fait pour protéger chaque citoyen.

Les maques sont désormais tombés. Ce 19 mai, l’extrême-droite qui a récemment fait son show en se délectant de la tribune d’une poignée de militaires en colère a été derrière cette énième opération de propagande qui consiste à imposer une seule vision de la France qui rangerait dans la case des islamo-gauchistes et des traitres de la République celles et ceux qui n’y adhéreraient point.

NB : je tiens à souligner ici que je n’adhère à aucun mouvement politique et que sur le plan idéologique, je me sens plus proche de la droite dite modérée que la gauche. Et je l’assume totalement. En gros, j’éprouve une énorme sympathie envers la droite responsable et j’abhorre celle qui joue sur la peur pour imposer son agenda.