Manuel Bompard, ex directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon pendant la présidentielle, a accordé une interview à Liberation ce 11 février. Il s’est exprimé sur plusieurs sujets concernant la France Insoumise qui a raté de très peu le second tour d’une présidentielle qui restera à jamais gravée dans la tête des partisans de Mélenchon
Manuel Bompard s’est prononcé sur l’école de formation que compte ouvrir la France insoumise. « Nous sommes un mouvement qui regroupe près de 500 000 personnes et chacun a sa propre histoire. Les gens sont d’horizons différents et, pour beaucoup, il s’agit du premier engagement politique », dit-il.
Et d’ajouter : « elle est un outil pour mieux comprendre le monde et ainsi mieux le transformer. On y retrouvera des cours et des tutos pour être plus efficace pour convaincre et populariser les idées de notre programme. Car la France insoumise est un mouvement d’action. L’école est donc un mode d’implication de plus proposé aux insoumis qui le souhaitent. Chacun en fait ce qu’il veut. Nous ne sommes pas une secte ».
« Nous ne voulons pas de tambouille »
Sur le mot « secte » souvent attribué à son mouvement, Manuel Bompard dira : « c’est incroyable. La France insoumise fait partie des mouvements les plus ouverts du paysage politique. Regardez notre groupe parlementaire, il regroupe des traditions politiques différentes. Il y a des gens du parti de gauche, des gens d’Ensemble, d’anciens communistes, des gens qui débutent en politique. Quel groupe à l’Assemblée peut en dire autant ? ».
Il poursuit : « en fait, ceux qui disent que nous sommes sectaires voudraient que nous accrochions à leur vieille remorque pour se partager le gâteau électoral. Nous ne voulons pas de tambouille, mais nous sommes prêts à travailler dans l’action et dans la clarté avec tous ceux qui le veulent. Nous avons proposé aux associations, aux syndicats et partis politiques qui le souhaitent de coorganiser nos campagnes nationales. Il y a plus sectaires, non ? »
« Il est habile »
L’ex directeur de campagne de Mélenchon a également parlé d’Emmanuel Macron. A la question de savoir si le nouveau président français le surprend, il répond : « il ne me surprend pas. Il est assez banal, avec des idées héritées du XVIIIème siècle et une pratique monarchique du pouvoir qui contraste avec le renouvellement qu’il prétendait incarner. C’est une très vieille politique d’un corps jeune. »
Il reconnaît néanmoins que Macron est « habile ». « En revanche, il est habile. Et nous n’avons pas réussi pour l’instant à le contrarier sérieusement. Il y a aussi un vrai paradoxe. Les enquêtes d’opinions disaient que les français étaient contre les ordonnances travail. Mais, nous ne sommes pas parvenus à traduire ce refus dans un mouvement populaire ».
« Chacun doit également s’interroger sur ses propres responsabilités »
Pour Manuel Bompard, l’absence de mobilisation n’a pas facilité les choses. « Sans doute les difficultés de la vie ne facilitent pas la mobilisation. Chacun doit également s’interroger sur ses propres responsabilités. La division entre syndicats et, entre les syndicats et les politiques, nous a été fatale », regrette-t-il.
A la remarque du journaliste que Jean-Luc Mélenchon a refusé le dialogue avec les personnalités de gauche aux législatives, Manuel Bompard fait part de son désaccord. « Ils se trompent. Même si on le faisait, si on additionne les voix d’EE-LV, du PCF et des socialistes, c’est à peine 10% des voix. Avec la France insoumise, on ferait 25% ou 30%. Ce n’est pas ainsi que l’on crée une dynamique majoritaire ».
« Notre programme politique s’adresse à tous »
A la question de savoir si la France insoumise va reprendre le mot « gauche », il rétorque : « la question n’est pas comment on se qualifie ou on se définit. Bien sûr, notre programme est de gauche. Mais, est-ce qu’il suffit de répéter ‘gauche, gauche, gauche’ pour que les gens s’intéressent à nous ? Bien sûr que non. »
Manuel Bompard poursuit : « notre programme politique s’adresse à tous. Il n’est pas d’extrême-gauche, contrairement à ce qu’on essaie de faire croire à ceux qui veulent nous marginaliser. C’est un projet central, défenseur de l’intérêt général et au cœur des aspirations politiques ».
Pour lire l’interview dans son intégralité, cliquez ici : Liberation