(Article Hamid Enayat, journaliste iranien à Paris)
Il est de notoriété publique que le « khomeynisme » est la première expérience de l’islamisme à la tête d’un Etat dans le Moyen Orient. Le premier Etat islamique du monde contemporain a été le résultat de la « révolution islamique » de 1979 en Iran, un phénomène qui a ensuite essaimé dans la région sous l’impulsion de Téhéran.
Ce régime inquiète la communauté internationale à plus d’un titre. D’abord pour son programme de missiles balistiques, interdit par la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations-Unies, qui menace la paix et la sécurité de ses voisins. Au début de novembre, un missile iranien a été lancé sur Ryad par des milices extrémistes à sa solde depuis le Yémen.
Les Gardiens de la révolution iraniens (pasdaran), considéré comme une entité terroriste par plusieurs pays, exportent également des missiles de longue portée à leurs affidés au Liban, le Hezbollah. Un mouvement islamiste chiite qui déstabilise le pays du cèdre, au point que son premier ministre a « démissionné » récemment pour protester contre l’ingérence de Téhéran dans son pays.
En Syrie, après avoir massacré son peuple et l’opposition modérée, les pasdaran ont complété leur ambition de construire « un axe de résistance chiite » qui s’étend sur un long et périlleux couloir depuis la mer caspienne jusqu’aux bords de la méditerranée.
Justice pour les victimes du massacre de 1988
Les intégristes qui ont dévoyé cette grande révolution populaire de 1979 en Iran, ont d’abord massacré leurs opposants à l’intérieur pour asseoir leur pouvoir. Le pic de la répression a été atteint durant l’été de 1988 quand Khomeiny, fondateur de la théocratie iranienne, a émis une fatwa de mise à mort à l’encontre de tous les prisonniers de conscience. Quelques 30 000 jeunes gens, pour la pluparts, ont été fusillés ou pendus en quelques mois. Ce procédé de « fatwa » criminel sera ensuite émulé par Ben Laden et Al-Bagdadi pour semer la terreur au nom de Dieu dans la région.
A ce sujet, une conférence a été organisée le 28 novembre à la mairie du 5ème arrondissement de Paris, centré autour d’une campagne pour réclamer la justice pour les victimes de cette page sombre de l’histoire contemporaine de l’Iran. La mairesse Florence Berthout était l’hôte de l’évènement qui a vu la participation de plusieurs témoins et familles des victimes en Iran, ainsi qu’une exposition.
Des personnalités telles que Bernard Kouchner, Rama Yade, Mgr Jacques Gaillot, l’ancien premier ministre algérien Sid Ahmed Ghozali, Ingrid betancourt et Mariam Radjavi, présidente du Cnseil national de la Résistance iranienne, ont pris la parole pour exiger une enquête internationale par les Nations unies sur le massacre de 88.
Dans son intervention, Bernard Kouchner, ancien ministre affaires étrangères, s’est indigné : « Khomeiny a prononcé une fatwa au nom de Dieu et a décidé de la mort de trente mille personnes sur des mois et des mois. Ce qui atteint un sommet de la barbarie, c’est qu’une immense partie des trente mille victimes étaient déjà en prison. Et certains allaient être libérés, certains avaient accompli leur peine. Alors on est allé les chercher et puis il y a eu des commissions de la mort ».
Rama Yade, ex-secrétaire d’Etat aux droits de l’homme a pour sa part réclamé une enquête indépendante internationale, rappelant que le régime des mollahs, dont le ministre de la justice a été directement impliqué dans le massacre, est incompétent pour enquêter sur « ce crime contre l’humanité qui ne doit pas resté impuni ».
La maîtresse Florence Berthout a de son côté déclaré : « Le courage des rescapés et des familles des exécutés, la mobilisation des défenseurs des droits de l’homme à travers le monde font- je suis sûre – qu’un jour la vérité triomphera. La mise en place d’un tribunal international indépendant est la première étape dans la reconnaissance de ces crimes comme crime contre l’humanité. »
Depuis un an, une campagne internationale a été lancée par les militants des droits de l’homme et la Résistance iranienne pour exiger la tenue d’une enquête pour justice pour aux familles des victimes. Craignant la mobilisation internationale, les autorités iraniennes ont réagi en effaçant les traces des fosses communes renfermant les dépouilles des victimes.
(Article Hamid Enayat, journaliste iranien à Paris)