De passage sur le plateau de RMC de Jean-Jacques Bourdin ce 9 juin 2017, Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise et candidat aux législatives, s’est exprimé sur plusieurs sujets dont l’élection de ce 11 juin. Il a sévèrement fustigé l’attitude du gouvernement de Macron sur la loi Travail
Sur la question de savoir ce qu’il proposera aux Insoumis après les législatives, il dira : « Nous allons mener une bataille que nous n’avons pas choisie mais qui arrive sur nous. Si nous avons gagné, nous appliquerons le programme de l’avenir en commun, si nous n’avons pas gagné, nous constituerons un groupe (…). On va résumer en disant qu’en toute hypothèse, nous nous battrons sur les mots d’ordre et les perspectives du programme l’avenir en commun ».
Il ajoute : « les gens n’ont pas le choix quand ils vont découvrir ce que contiennent les ordonnances ». Jean-Jacques Bourdin lui coupe la parole : « que savez-vous de la réforme du code du travail ? ». Mélenchon d’enchaîner : « je sais ce que la presse en a donné et je suis assez connaisseur de la ligne politique de M. Macron et d’une manière générale des libéraux pour savoir ce qui s’annonce (…) ».
Sur la question du journaliste de savoir s’il ne fait pas un procès d’intention, Mélenchon rétorque : « Non M. Bourdin, mieux vaut prévenir que guérir. (…) Il ne faut pas être parano, M. Bourdin ». Dans l’interview, le chef de file de la France insoumise précise qu’il n’est pas sûr qu’il approuve la décision des syndicats si ces derniers trouvent un accord avec le gouvernement.
« M. Macron veut une armée de godillots »
« Ce n’est pas sûr, je vais vous dire pourquoi parce que je suis Républicain. Dans la conception contractuelle et corporatrice de la société, le gouvernement discute avec les syndicats et s’accordent avec les syndicats, ils évaluent un rapport de force et ils passent un accord. Monsieur Bourdin, vous venez de parler du gouvernement, du patronat et des syndicats de salariés. Et la société, elle est où là-dedans ? », se demande-t-il.
Il poursuit : « la société, ce sont les députés. Le parlement doit pouvoir négocier. M. Bourdin, je m’étonne qu’un homme comme vous ne marche pas au plafond en entendant dire qu’on va changer tout le code du travail et que les parlementaires ne pourront pas changer ni un mot, ni une virgule au texte que le gouvernement va décider puisqu’il le décidera par ordonnance. Le seul pouvoir des parlementaires sera de dire oui ou non. C’est pour cela que M. Macron veut une armée de godillots qui lèvera la main en cadence (…) ».
« Je pense qu’il va commettre l’erreur »
Mélenchon estime que le gouvernement Macron est fait de ministres lobbyistes. « On ne compte plus le nombre de lobbyistes qui a parmi ces candidats. Le premier lobbyiste de France, c’est le Premier Ministre qui lui-même était lobbyiste d’Areva, le lobby nucléaire, dans un gouvernement qui, au cours des cinq prochaines années, doit prendre des décisions sur 19 réacteurs nucléaires (…) ».
Mélenchon estime que Macron finira par faire une erreur. « Je pense qu’il va commettre l’erreur. Vous saviez qu’il a dit qu’il était jupitérien. (…) Il y a un vieil latin qui dit : ‘Jupiter rend fou ceux qu’il veut perdre’. Cet homme va finir par croire qu’il est capable de marcher sur les eaux. Mais, ce n’est pas possible. Ici, c’est le peuple français qui est rebelle, qui insoumis par nature et qui n’acceptera pas de se soumettre à l’incroyable ordre social et juridique que M. Macron est en train d’installer (…) ».
« Les sondages sont éloignés de la réalité »
Réagissant sur les derniers sondages qui donnent à Emmanuel Macron 29%, Mélenchon ironise : « moi, j’ai consulté ce matin ma grenouille. Ce sont des sondages, je les accepte parce que je pense que je perdrai mon temps à essayer d’expliquer à quel point ils sont éloignés de la réalité comme ça a été le cas à chaque élection ».
Jean-Luc Mélenchon persiste et signe. La France insoumise est « aujourd’hui le premier bloc d’opposition ». « Le reste, c’est comédie. Vous ne savez pas si le PS va être dans la majorité ou dans l’opposition. Quand vous élisez un député LR, vous ne savez s’il sera avec M. Macron ou pas, quand vous élisez un député France insoumise, ou bien il applique son programme, ou bien il est dans l’opposition », dit-il.
« La consigne permanente est : ‘ne votez pas Front National’ »
Sur la question de savoir s’il donnera une consigne En Marche ou Front National au second tour, le chef de file de la France insoumise répond : « la consigne permanente est : ‘ne votez pas Front National’. Le Front National est ce qui nous nuit le plus à nous le camp progressiste, parce que c’est les nôtre qu’il divise. Le Front National ne divise pas les riches, il ne divise pas dans les beaux quartiers, il divise le peuple (…) ».
Cependant, il refuse les chantages. « Mais, attention, de là à me faire chanter en cadence avec les autres et marcher au pas ‘vive Macron !’, allez-vous faire voir, ça n’aura pas lieu. Par conséquent, si je dois donner une consigne à mes amis, je commencerai par leur lire : ‘vous ne devez pas faire l’erreur de prendre le risque de faire élire un député du FN parce qu’après, c’est nous qui l’aurons sur le dos (…) ».
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