Onze ans après la mort de Saddam Hussein, le 30 décembre 2006, sa fille ainée, Raghad Hussein, accorde une première interview exclusive à CNN en dix ans. Elle revient sur les moments qui ont marqué sa vie depuis l’assassinat de son père
11 ans après la mort de Saddam Hussein, l’ombre du dictateur plane toujours. 11 ans après, la fille ainée du dictateur revient sur l’assassinat de son père, tué en décembre 2006. Interrogé sur ce moment tragique de sa vie, Raghad Hussein rétorque. « Je n’ai jamais vu ce moment et je refuse de le voir ».
La jeune fille estime en effet que les détails sur la mort de son père sont vilains. « Les détails de sa mort sont vilains et douloureux, mais c’est une mort honorable », se vante-t-elle. Et Raghad d’ajouter : « je ne pense pas qu’il serait mort d’une façon plus petite que celle-là. C’est une mort qui me rend fière à moi, à mes sœurs, mes enfants, à tous ceux qui l’aiment et qui lui accordent une place dans leurs cœurs ».
« Elle se souvient d’un Irak brutal »
Raghad dit ne pas en vouloir à ceux qui ont traité son père de dictateur et regrette le mensonge des médias sur lui. « Les gens qui le considèrent comme un dictateur sont libres d’utiliser toutes les étiquettes qu’ils veulent. (…) », déclare-t-elle. La fille ainée de Saddam Hussein admet néanmoins qu’il y avait eu beaucoup de brutalité du temps de son père.
« Oui, il y avait de la brutalité, parfois beaucoup et je ne supporte pas la brutalité. Mais, l’Irak est un pays difficile à diriger et ce n’est que maintenant que les gens s’en rendent compte », explique Raghad. La fille ainée de Saddam Hussein dédouane sa famille de toute décision prise par son père.
« Mariée à l’âge de 15 ans »
« Les femmes de la famille n’était pas autorisées à participer aux décisions. Elles ne répondaient que lorsqu’on leur demandait et on ne leur a jamais demandé », confie-t-elle. Dans l’interview, Raghad est revenue son enfance difficile, mariée à un officier de l’armée irakienne alors qu’elle n’avait que 15 ans.
Raghad se rappelle ces moments douloureux. « Ce fut un moment difficile pour moi. J’ai été prise en tenaille entre d’une part mon père et mon frère et de l’autre mon mari et mes enfants », lance-t-elle. « Je sais que c’est difficile à comprendre pour une famille normale, mais toutes les familles de dirigeants ne sont pas des personnes lambda. C’est difficile de comprendre la complexité de leurs vies », dit-elle.
« L’Irak est mon Irak »
Désormais, Raghad mène sa vie en Jordanie, mais le cœur reste toujours en Irak. C’est avec émotion qu’elle parle de son pays d’origine. « L’Irak est mon Irak, celui de ma famille, de mes ancêtres. C’est l’Irak de tout le monde. Pourquoi devrais-je même imaginer d’y retourner ? Ce serait normal que j’y retourne », concède-t-elle.
Raghad Hussein est aussi revenue sur l’Etat actuel de son pays, en chaos total et sur l’investiture de Donald Trump. Sur l’Irak, elle dira : « ce qui se passe est juste un état passager, un état d’invasion et de confusion. Mais ce n’est pas le destin de l’Irak. La guerre n’est pas infinie. Bien sûr, il y a de l’espoir ».
Raghad a fait l’éloge de Trump, un homme qui, selon elle, « a un grand niveau de sensibilité politique » et qui, selon elle, « est différent de son prédécesseur ». Sur Trump, Raghad Hussein dira : « il a exposé les erreurs des autres, surtout sur l’Irak, ce qui veut dire qu’il est conscient des erreurs commises en Irak et ce qui est arrivé à mon père ».