Ségolène Royale, ex candidate à la présidentielle française, a accordé une interview exclusive au Journal Du Dimanche (JDD). Dans l’interview, l’ex ministre socialiste a mené une analyse très sévère du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Ségolène Royale voit des contradictions dans la politique du gouvernement
Abordant la crise qui secoue le gouvernement, elle dira : « c’est le résultat d’une triple incompréhension : les gens ne comprennent pas la cohérence entre toutes les réformes engagées ; ils voient une contradiction entre la théorie du pouvoir vertical développée au début du quinquennat et les multiples péripéties quotidiennes qui stupéfient les Français et ont anéanti cet effort d’incarnation de l’Etat ; et enfin pourquoi une telle précipitation pour alléger les impôts des plus riches et pour prendre après dans la poche des services publics et des retraités ? »
Sur la démission de Gérard Collomb, Ségolène Royale estime que l’ex ministre de l’Intérieur n’a pas digéré d’avoir été ridiculisé dans l’affaire Benalla. Pour Ségolène Royale, il y a un problème de management. « Il y a globalement un problème de management. Il faut en tirer les leçons et changer de méthode », explique-t-elle.
Dans l’interview, l’ex candidate à la présidentielle de 2007 procure quelques conseils à Emmanuel Macron. « Mettre de la cohérence. Il faut qu’il y ait une cohérence entre les paroles et les actes. La France, ce n’est pas une entreprise. Il doit y avoir des règles, des repères différents de ceux d’une gestion privée », suggère-t-elle.
« Un manque de démocratie participative »
Et d’ajouter : « Emmanuel Macron l’avait bien compris au début du quinquennat. On ne pouvait pas imaginer, alors, que cela allait déraper de cette façon. Parce qu’on a l’impression que tout est devenu instable. Finalement, l’échelon le plus fixe aujourd’hui, c’est le premier ministre Edouard Philippe, qui amortit plutôt bien les embardées. »
Expliquant les déboires d’Emmanuel Macron dans sa gestion du pouvoir, Ségolène Royale dénonce un « manque de démocratie participative ». « Je l’explique par un manque de démocratie participative et par l’exercice du pouvoir de plus en plus solitaire exercé avec un cercle de proches (que des hommes, d’ailleurs) de plus en plus restreint », commente-t-elle.
« Mais là, c’est flagrant »
Elle poursuit : « ils décident de tout, sans être ancrés ni même reliés à la réalité de la vie des Français, aux territoires. Gérard Collomb était l’un des rares, avec François Bayrou, à avoir les pieds sur terre depuis longtemps et à savoir de quoi la France est faite. Le pouvoir aux mains des experts, qui n’auront jamais de comptes à rendre, qui viennent du privé (et y retourneront) sans être jamais confrontés au suffrage universel, a toujours posé problème. Mais là, c’est flagrant ».
Ségolène Royale estime que Macron devrait faire preuve de « plus de modestie, plus d’écoute et plus de collectif ». « (…) Il faut cesser de croire, comme parfois sous le quinquennat précédent, qu’il faut des réformes pour faire des réformes. La question, c’est de faire de bonnes réformes, avec de bonnes méthodes », préconise-t-elle.
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