Après l’échec de l’accord avec le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR), Israël et l’Ouganda trouvent une solution à la question des migrants africains. Kampala accepte, en effet, d’accueillir 500 Érythréens et Soudanais en provenance de l’Etat hébreu. Au total, ils sont 38 000 demandeurs d’asile qui risquent l’expulsion.
Israël s’en sort bien. L’Etat hébreu parvient à un accord conjoint avec Kampala afin d’expulser des migrants africains vers l’Ouganda. En l’occurrence, 500 Érythréens et Soudanais en situation irrégulière. Jusqu’à présent, ces immigrés Africains sans papiers étaient retenus dans le camp de détention de Saharovim, situé au sud du pays. Selon « RFI », le secrétaire d’Etat ougandais en charge des réfugiés, Musa Ecweru se dit « fier de recevoir ces migrants qui étaient sur le point d’être expulsés » par Jérusalem.
Si l’on en croit les autorités israéliennes, il y aurait environ 38 000 demandeurs d’asile africains en Israël (ministère de l’Intérieur).
Parmi eux, 72% sont Érythréens et 20% sont Soudanais. Ce que l’on sait : la grande majorité d’entre eux sont arrivés entre 2007 et 2012 en passant par le Sinaï, la frontière avec l’Egypte.
L’expulsion ou la prison
Au départ, pas moins de 60 000 migrants africains se sont installés en Israël. En 2010, le Premier ministre Benyamin Nétanyahu fait construire un mur de 242 km de long à la frontière avec l’Egypte afin d’empêcher l’arrivée de nouveaux migrants. Force est de constater : l’Etat hébreu n’a jamais accepté cette immigration. Pour les autorités israéliennes, la plupart des demandeurs d’asile ne méritent pas le statut de réfugiés politiques, car ils seraient en réalité des immigrés économiques en recherche d’un emploi. Pourtant, Israël est signataire de la convention de Genève sur le droit des réfugiés. Qu’à cela ne tienne : depuis mai 2009, seules 11 demandes d’asile ont reçu une réponse positive.
Par conséquent, l’extrême droite israélienne emboîte le pas à la politique gouvernementale en organisant, en mai 2012, une manifestation hostile aux immigrés. Cette atmosphère délétère s’est soldée par l’agression de plusieurs migrants africains. Leurs magasins ont, par ailleurs, été pillés et certains d’entre eux ont fait l’objet d’insultes à caractère raciste. En juin 2012, l’exécutif instaure alors une nouvelle loi selon laquelle tous les hommes migrants qui rentreraient en Israël seraient considérés comme « infiltrés » (en référence aux immigrés palestiniens arrivés en Israël dans les années 50 qui étaient considérés comme des terroristes) et emprisonnés.
En 2015, l’Etat hébreu fait une nouvelle proposition : il offre un billet d’avion de retour et 3 500 dollars (2 800 euros) à tous les candidats à l’immigration qui accepteraient de quitter le pays de leur plein gré. Plusieurs milliers d’entre eux accepteront ce deal et rentreront en Ouganda et au Rwanda. Cependant, cet arrangement ne remporte guère les suffrages de la majorité de migrants qui préfèrent rester en Israël. Du coup, les autorités israéliennes durcissent le ton, en 2018, en posant un ultimatum aux migrants africains les obligeant d’accepter les 3 500 dollars sous peine d’aller en prison à vie.
Après plusieurs pétitions et manifestations organisées par la gauche israélienne, Jérusalem lâche enfin du lest sous la pression populaire. Effectivement, l’Etat hébreu accepte que les femmes, les enfants et les hommes mariés restent en Israël. A une seule condition : les 20 000 hommes célibataires doivent, en revanche, quitter le pays dans les plus brefs délais. Finalement, le Premier ministre Benyamin Nétanyahu assure au début du mois d’avril avoir conclu un accord avec le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) de l’ONU qui allait permettre de transférer 16 000 migrants concernés vers des pays occidentaux (le Canada, l’Allemagne ou l’Italie). Les autres seraient intégrés en Israël. Coup de théâtre : quelques minutes plus-tard, cet accord ambitieux a été purement et simplement annulé.
Donc, c’est peu de dire que personne ne s’attendait à cette coopération in extremis entre l’Ouganda et Israël. La cour suprême israélienne avait donné jusqu’à dimanche au Premier ministre Benyamin Nétanyahu pour trouver une solution. A un jour de la date limite, cet arrangement tombe à point nommé. D’aucuns soupçonnent un accord financier secret entre Jérusalem et Kampala. Des accusations fermement rejetées par l’Ouganda. Une chose est sûre : la question des migrants africains est loin d’être résolue. Alors question : que vont devenir des milliers d’Érythréens et Soudanais toujours présents sur le territoire israélien ? Il faut savoir que les survivants de la Shoah dénoncent la politique d’expulsion de migrants africains et fustigent le gouvernement israélien, le plus dure de toute l’histoire de l’Etat hébreu.