Agnès Buzyn déjoue tous les pronostics et accepte, contre toute attente, d’être candidate LREM à la mairie de Paris pour le second tour des municipales prévues ce 28 juin. L’ex ministre de la Santé, placée sous protection policière depuis deux semaines, a annoncé sa décision après avoir, dit-elle, « mûrement réfléchi ».
« J’ai mûrement réfléchi à la manière dont je voulais mener cette campagne dans des circonstances exceptionnelles, politiques et personnelles. Je suis pleinement engagée, déterminée à terminer cette campagne. On y va! », a-t-elle lancé aux têtes de liste et à son équipe de campagne lors d’une visioconférence ce mardi.
Lorsqu’Angès Buzyn a annoncé lundi soir avoir annulé sa rencontre avec les têtes de liste et son équipe de campagne prévue pour ce mardi matin, des rumeurs sur un éventuel renoncement de la candidate LREM à se présenter à la mairie de Paris circulaient déjà. La presse pensait en effet que le rendez-vous annulé à la dernière minute était un message adressé au gouvernement qu’elle ne pouvait plus faire campagne pour un parti dont elle est en guerre avec les ténors.
Agnès Buzyn a été à deux doigts de rendre le tablier. Nous le savons tous. Il est certain que des pressions au plus haut sommet de l’Etat l’ont poussée à revenir sur sa décision. Une décision qui allait asséner un coup de massue à un Exécutif totalement désaxé et dont la gestion de la crise a été très largement décriée.
Mais, concrètement, cela change quoi le retour de Buzyn? En réalité, pas grand-chose. S’il y a un seul point positif dans sa décision de mener campagne pour LREM, c’est qu’elle a permis d’éviter d’enfoncer la crise qui secoue déjà un parti qui a perdu, il y a une semaine, sa majorité absolue au Parlement. La démission d’Agnès Buzyn, dans un tel contexte, allait avoir des conséquences extrêmement désastreuses sur l’image du parti présidentiel mais aussi sur celle d’Emmanuel Macron.
Toutefois, son retour risque de ne pas changer le destin du parti. En effet, Buzyn avait totalement disparu des radars depuis son interview très controversée accordée au journal Le Monde en mars dernier et dans laquelle elle critiquait ouvertement la décision du gouvernement d’avoir maintenu le premier tour des municipales alors que la pandémie était déjà là.
Pendant ce temps, ces deux rivales, Anne Hidalgo et Rachida Dati, ont occupé le terrain, multipliant les rencontres avec les Parisiens, déroulant dans la presse leurs stratégies de sortie de crise, envoyant des messages de soutien aux familles des victimes, annonçant, une fois élues, des décisions pour changer la vie des habitants de la capitale entre autres. En gros, elles ont été en contact permanent avec la ville qu’elles sont censées servir.
Dans des circonstances pareilles, tout espoir des électeurs de LREM de remporter les élections municipales à Paris relève de la pure chimère. Pour gagner la capitale, il fallait être au côté des Parisiens dans les moments les plus difficiles de la crise, ce qui n’a jamais été le cas pour l’ex ministre de la Santé.
Agnès Buzyn a finalement accepté de mener campagne à Paris pour ne pas donner raison à la presse qui n’a cessé de révéler depuis plusieurs semaines ses relations très tendues avec Emmanuel Macron et Edouard Philippe. Son retour doit être compris comme une stratégie du parti d’éviter le naufrage qui semble désormais inévitable. Elle fait son retour juste pour la forme. Mais, dans la guerre pour la conquête de la capitale, le parti est mort dès le premier tour des Municipales.