Netanyahou à Paris : un piège est tendu à la France et Macron doit le déjouer, à tout prix !

Que fait Netanyahou en France ? Si ce n’est pour tordre le bras à Macron et lui faire avaler la pilule très amère d’un ralliement à la cause israélienne en vue de mener la guerre contre un ennemi (Iran), qui en est certes un mais qui ne représente, à l’heure actuelle, aucune menace immédiate pour l’Etat hébreux. Si Macron ne l’a pas compris ainsi, c’est qu’il est à côté de la plaque.

Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, est arrivé en France ce 5 juin pour y rencontrer Emmanuel Macron. Sa visite a suscité une vague de réactions dans le pays. Dès son arrivée, quelques centaines de manifestants se sont réunis dans la capitale française pour manifester leur mécontentement et dénoncer les abus des droits de l’homme perpétrés quotidiennement par Tsahal (armée israélienne) dans les territoires palestiniens occupés.

En marge de sa visite à Paris, une conférence de presse a été tenue durant laquelle le premier ministre israélien a tenté de nous vendre, comme à l’accoutumée, l’idée que son Etat est à deux doigts d’être attaqué et annihilé par un ennemi qui n’est autre que  la République Islamique d’Iran.

D’ailleurs dans son discours, il ne s’est pas privé de recourir à un stratagème purement propagandiste pour rallier Macron à sa cause. « (…) L’autre source de l’Islam radical, ce sont les chiites militants menés par l’Iran. Nous  faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter les desseins agressifs de l’Iran qui risque de déstabiliser le Moyen-Orient dans leur effort de conquérir le Moyen-Orient, pour déstabiliser aussi l’Europe et le monde », dit-il.

Et d’ajouter : « la plus grande menace au monde, de mon point de vue, ce sont les armements nucléaires aux mains d’un régime islamiste radical comme celui de l’Iran. Les archives nucléaires que nous avons dévoilées tout récemment ont prouvé que l’Iran a menti au monde au sujet de son programme nucléaire. Maintenant, c’est le moment d’appliquer des mesures contre l’Iran pour qu’il ne puisse pas aller de l’avant ».

Je ne commenterai pas le discours intégral d’un premier ministre en chute libre dans les sondages et qui a pris son bâton de pèlerin pour faire le tour de l’Europe avec l’unique objectif de diaboliser un régime moribond. En effet, Netanyahou le sait très bien, l’Iran a beau être un Etat antisioniste et antisémite, il n’est, en l’état actuel des choses, pas une menace existentielle à Israël.

Le seul but de Netanyahou aujourd’hui, c’est de transformer en larbins tous les chefs d’Etats occidentaux, principalement les Etats-Unis et la France (pour leur poids politique) mais aussi l’Allemagne qui n’est certes pas un colosse politique, mais une puissance économique redoutable qui occupe une place de choix en Europe. D’ailleurs, je rappelle qu’après la France, Bibi (Netanyahou) ira à Berlin où il rencontrera Angela Merkel.

Comment expliquer l’arrogance du premier ministre israélien qui vient dicter sa politique étrangère aux dirigeants européens ? Pourtant, il y a deux ans, il n’osait pas le faire. Du temps d’Obama avec qui il entretenait une relation conflictuelle, le premier ministre israélien n’avait pas réussi à tordre le bras à l’administration américaine.

Cependant, depuis l’arrivée de Trump qui a fait patte blanche à Israël tout au long de sa camp, en annonçant haut et fort sa volonté de transférer la capitale d’Israël de Tel Aviv à Jérusalem (un transfert qui a eu lieu ce 14 mai), Benjamin Netanyahou a trouvé le moment propice qu’il a tant attendu pour enfin préparer une guerre qu’il a toujours voulue.

Je le dis ici. Derrière le retrait des Etats-Unis de l’accord nucléaire iranien annoncé ce 8 mai, il y a évidemment la main d’Israël. Trump qui est en guerre contre le Deep State (l’Etat profond) depuis son élection sait qu’il n’a qu’un seul choix pour conserver son mandat : se soumettre à Israël et ainsi séduire le tout-puissant lobby juif israélien qui dirige l’Amérique depuis la nuit des temps.

Sa stratégie marche plutôt bien. Le jour même où le retrait des Etats-Unis de l’accord nucléaire est annoncé, Benjamin Netanyahou a lui-même tenu une allocution en direct depuis Israël saluant le courage du 45ème président américain. « Israël soutient la décision courageuse du président Trump prise aujourd’hui », avait déclaré Bibi.

La visite de Netanyahou pour tenter de convaincre Macron de rallier la cause israélienne contre l’Iran est un manque de respect à la France. Car, quelques jours avant l’annonce de cette décision lourde de conséquence (le retrait de l’accord), Macron avait effectué une visite officielle aux Etats-Unis.

Au-delà de l’aspect glamour, la visite officielle était d’une importance capitale pour le plus jeune président de la Vème République (Emmanuel Macron) qui espérait ainsi convaincre Donald Trump afin qu’il ne se retire d’un accord que Macron a jugé « solide, robuste et vérifiable » dans le passé.

Pourtant, au moment de prendre sa décision, le 45ème président n’a pas hésité à lâcher Macron pour séduire Netanyahou et le lobby juif (AIPAC) qui peuvent lui assurer une survie politique au moment où son administration traverse une crise interne d’une gravité extrême. Logiquement, et c’est mon point de vue que j’exprime ici, Macron devrait à tout prix, ne serait-ce que par respect à la diplomatie française, tourner le dos à Netanyahou.

Je rappelle que Netanyahou vient de marcher, sans état d’âme, sur quelque 60 cadavres palestiniens dont le seul tort a été de dénoncer le transfert de l’ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv à Jérusalem. Et depuis sa rhétorique belliqueuse n’a pas changé. Il n’a cessé de diaboliser le peuple palestinien que son gouvernement qualifie de terroristes et à qui on a arraché ses droits les plus élémentaires.

Macron doit comprendre que Netanyahou tout comme Trump sont des produits politiques caduques qui traversent une crise politique interne sans précédent. Trump est malmené par l’Etat profond tandis que Netanyahou est cité dans une grave affaire de corruption qui met en danger sa survie politique. Se rallier à leur cause n’est pas la solution dont le monde a tant besoin pour apporter paix et sécurité aux Juifs et Palestiniens.

J’espère, et je souhaite de tout cœur, que le locataire de l’Elysée ne tombe pas dans le piège de ces deux personnages cyniques.

Edito signé : Cheikh Tidiane DIENG, rédacteur en chef et fondateur du site d’information www.lecourrier-du-soir.com

Email : cheikhdieng05@gmail.com