A quelques jours des élections législatives cruciales en Israël, le média israélien Haaretz s’attaque durement à Netanyahou dans un édito au vitriol que le Lecourrier-du-soir.com a intégralement traduit pour ses lectrices et lecteurs
« La 22ème élection du Knesset israélien aura lieu ce jeudi, cinq mois après la dernière élection qui a eu lieu plutôt que prévu. L’impasse politique n’était pas le recrutement d’élèves Yeshiva dans l’armée. La vraie raison pour laquelle le système politique est en train de s’affaiblir est due à la situation juridique du Premier ministre, Benjamin Netanyahou.
Pendant deux ans, Israël a du supporter le bruit lié aux enquêtes sur les scandales de corruption dans lesquels le Premier ministre est impliqué, le bruit des mis en examen, le bruit de la liste des témoins et leurs déclarations devant le juge et le bruit des tentatives pernicieuses de Netanyahou et de ses partenaires d’échapper à la justice.
Netanyahou a insisté pour se maintenir à son poste au cours des enquêtes, et ce même après l’annonce du procureur général, Avichai Mendelblit, de le poursuivre pour trois chefs d’inculpation : corruption, fraude et abus de confiance, des accusations sur lesquelles il doit être entendu très prochainement. Non seulement Netanyahou n’a pas démissionné, mais il s’est attaqué sévèrement aux garants de maintien de l’ordre.
Que ne les a-t-il pas accusés ? Il les a accusés de comploter contre lui, de le haïr, d’être des gauchistes, de monter un coup contre lui, il les a accusés de tout pour les délégitimer publiquement. « Qu’ils cessent d’avoir la trouille. Il est grand temps qu’ils aient la trouille », confiait Netanyahou à ses proches en faisant allusion à ceux qui veulent le poursuivre en justice, comme l’a révélé Gidi Weitz, journaliste de Haaretz.
Et sans peur ni honte, les amis de Netanyahou ont tenté de passer des lois à son profit (telle que la soi-disant loi française qui interdit qu’un premier ministre en pleine fonction soit mis en examen) ou de faire en sorte que toute personne qui entre au gouvernement puisse beneficier d’une immunité.
Selon Weitz, Netanyahou avait confié une stratégie à son cercle d’amis afin d’échapper aux poursuites en obtenant l’immunité de la part du Knesset et en faisant passer cette clause qui empêchera la Haute Cour de Justice de lever la protection (l’immunité) qui lui est offerte par son gouvernement de coalition.
L’effet destructeur des affaires criminelles sur la conduite de Netanyahou; l’effet corrupteur de sa bataille juridique sur ses collègues au Likoud et sur le bloc de droite, le dommage cumulatif causé à l’Etat et la confiance du public sur les systèmes de l’Etat, à savoir les principes fondamentaux d’honnêteté et de décence et le fait que le pays soit entraîné dans des élections législatives deux fois dans la même année, tout ceci montre que la gestion du pays est subordonné à la bataille juridique de Netanyahou.
Netanyahou est en train de détourner son travail en tant que Premier ministre. Un autre mandat laisserait probablement en ruines les institutions démocratiques d’Israël, construites au bout d’un énorme travail et très bien entretenues depuis. Les dégâts que Netanyahou laissera derrière seront difficiles à réparer. Ce jeudi, dans les urnes, le peuple doit mettre fin à son règne. »
Edito intégralement traduit de l’anglais au français par Cheikh DIENG, rédacteur en chef et fondateur du site d’information : www.lecourrier-du-soir.com
Pour lire l’édito dans sa version originale, cliquez ici : Haaretz