Tous les médias mainstream ont annoncé ce jeudi 4 avril le soutien de Barack Obama, ancien président des Etats-Unis au candidat Macron. Ce soutien primordial de l’ex chef d’Etat de la plus puissante nation du monde intervient quelques heures seulement après celui d’Angela Merkel, chancelière allemande qui dirige la première puissance économique européenne.
Ces soutiens arrivent moins d’un mois après celui de Wolfgang Schaüble, ministre allemand des Finances qui avait déclaré à la date du 13 avril : « si j’étais français et habilité à voter (…), je voterais Emmanuel Macron ». Pourtant, tous (Obama, Merkel et Schaüble) se sont défendu de s’immiscer dans l’élection présidentielle d’un pays étranger et souverain : la France. On ne dirait pas !
Je reconnais que les soutiens d’importantes personnalités politiques internationales à Emmanuel Macron dans l’objectif de faire barrage à Marine Le Pen peuvent avoir un impact non négligeable pour le candidat d’En Marche ! Mais, à y voir de près, ils risquent néanmoins de saper sa campagne et de le faire passer pour le véritable candidat du système, une image qui colle aux basques de Macron et dont il a voulu se débarrasser en vain.
Je pense (et ce que je dis n’engage que moi) que ces soutiens à Emmanuel Macron émanant d’importantes personnalités européennes et américaines pourraient changer la donne à seulement 72 heures du second tour de la présidentielle la plus cruciale de toute l’histoire de la 5ème république.
Le contexte de cette élection ne doit pas être oublié. On est en face d’un scénario où les peuples se révoltent contre le système financier qui les dirige depuis plusieurs décennies, qui les a dépouillés de leurs biens et de leur dignité et dont ils veulent se débarrasser à tout prix. Le Brexit, l’élection de Trump, la montée des partis politiques d’extrême-droite et xénophobes, notée ces dernières années, en sont des exemples.
En soutenant Macron, Obama, Merkel et Wolfgang Schaüble (trois personnalités connues pour leur attachement inconditionnel au système financier international) risquent de ternir l’image du candidat d’En Marche ! qui, qu’on le veuille ou pas, a toutes les chances devenir prochain locataire de l’Elysée ce 7 mai.
Si le soutien de Barack Obama ne suscite pas de nombreuses réactions virulentes de la part des détracteurs de Macron, celui de Wolfgang Schaüble et d’Angela Merkel n’a pas été du goût des opposants d’Emmanuel Macron. Et dans le camp d’En Marche ! il est probable que cela fasse grincer des dents.
Ces deux personnages (Merkel et Schaüble pour qui j’ai beaucoup d’estime et de respect) sont en effet le bras droit du système financier international incarné par l’Union Européenne. Une Union Européenne contre laquelle se battent les peuples européens qui la jugent « tyrannique », « despotique » prenant des décisions depuis Bruxelles à l’encontre des intérêts de nations « souveraines ».
Je me rappelle les propos de Barbara Spinelli, députée italienne au parlement européen qui, en août 2016, traitait l’Union Européenne de « dictature ». Parlant de l’UE, la députée italienne avait utilisé des mots particulièrement virulents. « L’UE est un masquage technique d’une substance qui ne change pas, d’un projet Européen qui ne veut devenir ni démocratique, ni politique, mais qui tend délibérément à devenir un programme de domination oligarchique », disait-elle.
Barbara Spinelli poursuit avec une phrase choc : « nous devons reconnaître qu’il ne reste à la démocratie que des os cassés ». Force est de reconnaître que cette Union Européenne qui, pour certains est vouée à l’échec, n’a plus la confiance des peuples. Ses représentants non plus. Et Angela Merkel est elle-même décriée au sein de son propre camp pour sa politique européenne qui ne bénéficie qu’à son pays.
Je rappelle que le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, avait regretté ce 7 janvier 2017 que l’Allemagne soit le seul pays de l’UE qui trouve son compte à cette organisation. D’ailleurs, Sigmar avait affirmé avoir discuté avec la chancelière de la politique d’austérité décidée par Berlin et qui mine les économies des pays européens, notamment ceux du Sud (Portugal, Italie et Espagne). Mais, il regrette qu’Angela Merkel n’ait toujours pas répondu à sa question.
Je pourrai pousser plus loin cette analyse, mais je préfère rester laconique et me focaliser sur le sujet. Tout ce que je crains est en effet que le soutien de ces bras droits internationaux à Emmanuel Macron ne joue en la faveur de Marine Le Pen qui, ainsi, serait perçue comme la seule et unique candidate du peuple qui se bat contre une oligarchie financière rangée du côté de Macron pour sauver ses intérêts.
A 72 heures du second tour de la présidentielle, Emmanuel Macron et son équipe de campagne devraient à tout prix éviter de s’enorgueillir de ses nouveaux soutiens internationaux (proches de la finance) qui représentent tout ce qu’une grande partie du peuple français exècrent. Le soutien ouvert d’Obama, de Merkel et de Schaüble risque sérieusement de « tuer » le candidat Macron dans la dernière ligne droite de la présidentielle.
Cheikh Tidiane DIENG, rédacteur en chef du média www.lecourrier-du-soir.com
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