Alassane Dramane Ouattara (ADO), actuel président de la Côte d’Ivoire, a accordé une interview exclusive au média français Paris Match ce 23 septembre et dans laquelle il a abordé l’épineuse question du troisième qui risque de plonger le pays dans une crise politique sans précédent
Dans l’interview, le président ivoirien a catégoriquement réfuté les accusations de violation de la Constitution ivoirienne brandies par l’opposant. Sur ce sujet, il dira : « ce sont des bêtises! Notre Constitution date de 2016, elle a instauré une nouvelle République en Côte d’Ivoire. Les cartes ont été rebattues. Je vous le répète, je n’ai jamais cherché à m’accrocher, contrairement à mes prédécesseurs ».
Sur la question de la légitimité de l’élection présidentielle, Alassane Ouattara répond : « la légitimité : c’est le respect du droit ». Parlant de l’opposant Guillaume Soro, il ajoutera : « la place de Guillaume Soro n’est pas dans la campagne, mais en prison. S’il a quitté la Côte d’Ivoire sans y revenir depuis la fin de l’année, c’est parce qu’il sait qu’il devra y être jugé pour une tentative de déstabilisation. Les preuves contre lui sont accablantes ».
« Gbagbo a commis des erreurs, mais c’est un frère »
Sur Laurent Gbagbo, le président ivoirien s’est montré plutôt sympathique considérant l’ancien président ivoirien comme un frère. « Il a commis des erreurs, mais c’est un frère et un ancien président. La Côte d’Ivoire reste son pays. Il faut attendre le verdict en appel devant la CPI, car pour l’instant, il est en liberté sous condition. Ensuite, des dispositions seront prises quant à son retour, sachant qu’il est condamné à 20 ans de réclusion pour crimes économiques ».
Il convient de rappeler que cette interview intervient dans un contexte extrêmement tendu en Côte d’Ivoire où l’opposition se dresse contre le président Ouattara l’accusant d’usurper le pouvoir à travers un troisième mandat jugé illégal et anticonstitutionnel. Ce 24 septembre, l’opposant Guillaume Soro n’a pas tardé à lui porté la réplique.
« Ado manque de sagesse »
« C’est un homme en querelle avec lui-même. Ayons de la tolérance pour lui. Ado voulait me voir misérable dans les rues de Paris? Est-ce là son programme pour la Côte d’Ivoire? A 78 ans révolus, il manque de sagesse. Un président ne parle pas ainsi. Dans ses propos transparaît la haine d’un conjoint divorcé. Il veut me voir en prison? Sûrement dans la cellule voisine à la sienne », a déclaré Soro.
Le président ivoirien semble vouloir mettre fin aux tensions politiques en procédant, ce 24 septembre, à la libération d’une dizaine de proches de Guillaume Soro. Cependant, cette démarche purement électoraliste risque de ne pas mettre fin à la crise car la position de l’opposition reste ferme : pas de troisième mandat pour Ouattara.