L’ultime folie d’un apprenti-dictateur qui a fini par liquider le peu de démocratie qui restait au peuple sénégalais.
Des millions de citoyens ont en effet été pris de court par la décision tout à fait inattendue du gouvernement de Macky Sall de dissoudre le parti Pastef, dirigé par Ousmane Sonko, principal opposant du pays. L’annonce a été faite ce 31 juillet dans un communiqué signé par Antoine Diome, ministre de l’Intérieur.
Dans le communiqué relayé en masse par la presse locale, le ministre de l’Intérieur justifie sa décision par le fait que le premier parti de l’opposition « a fréquemment appelé ses partisans à des mouvements insurrectionnels ». A en croire le ministre, cela a entraîné de lourdes conséquences. L’Etat évoque les émeutes de mars 2021 et de juin 2023 qui ont provoqué une crise politique sans précédent.
Il faut dire que les événements ont très vite dégénéré. Tout a commencé après l’interpellation du leader de Pastef Ousmane Sonko accusé d’avoir volé le téléphone portable d’une dame (qui sera plus tard identifiée comme membre des services généraux) qui a filmé l’opposant devant son domicile sans son autorisation. Pourtant, malgré ce préjudice subi par Sonko, c’est lui (et non la dame) qui sera convoqué et placé en mandat de dépôt. Quelle injustice!
L’autre élément déclencheur : l’entrée en lice de Branco. Il faut préciser que la tension politique est montée d’un cran à la suite de l’arrivée inattendue de l’avocat français Juan Branco qui a bravé le mandat d’arrêt international lancé contre lui par le gouvernement du Sénégal pour s’introduire en toute discrétion sur ce territoire en passant par la Gambie (pays voisin).
Pour l’Etat du Sénégal, ce fut l’humiation de trop, mais une immense aubaine à saisir pour se défaire du plus grand obstacle au système en place. Et Macky Sall et son pouvoir, comme l’on pouvait s’y attendre, ont profité de la situation pour porter le dernier coup de poignard au parti Pastef considéré comme une force incontournable capable de terrasser tout mouvement politique qui se présente face à lui à la prochaine présidentielle.
Pastef est donc dissout et Ousmane Sonko emprisonné. Une décision totalitaire qui constitue une violation totale du droit car ne s’appuyant sur aucun fondement juridique, si ce n’est la volonté d’écarter Sonko de la prochaine présidentielle, quitte à recourir à des méthodes d’un autre âge.
Cette décision confirme que le Sénégal a complètement basculé dans une dictature cynique où l’Etat de droit est constamment bafoué, où les partisans de Sonko sont embastillés sans aucune raison valable, où les médias anti-système sont censurés, où les journalistes qui dénoncent la gestion despotique du pouvoir sont terrorisés, où la justice est totalement inféodée au pouvoir en place, où l’armée et la police agissent comme des organisations terroristes contre le peuple qu’elles sont censées protéger.
Le grand risque, c’est que la situation débouche sur une guerre civile. Car, à ce stade de la crise, aucune hypothèse n’est écartée.