Les syndicats se mobilisent, des permanences de personnalités LREM sont prises pour cible et un sénateur de la République En Marche vient de démissionner du parti en signe de protestation contre le 49.3 qui vient ainsi de faire ses premiers dégâts, moins de 72 heures après son application.
Il ne fallait pas s’attendre à autre chose. L’application du 49.3 qui intervient au très mauvais moment pour l’Exécutif n’arrange que les intérêts des élites libérales qui ont placé Macron au pouvoir mais en aucun cas le peuple qui a rejeté la réforme des retraites depuis l’annonce faite par l’Exécutif il y a quelques mois.
Sur le plan politique, quel bilan pour Macron ? Deux motions de censure ont été déposées par l’opposition juste après l’annonce de la nouvelle qui a fait l’effet d’une bombe. Mais les chances qu’elles n’aboutissent sont très minimes car Macron avec 300 députés contrôlent le Parlement.
Le danger du 49.3 pour lui réside dans la réponse qui lui sera apportée. Nous avons en effet appris que le sénateur Michel Amiel a rendu le tablier dénonçant le « cynisme et l’incompétence politique » à la suite de l’activation du très redoutable article. Et il y a de très forte chance que d’autres suivent. En effet, je rappelle qu’il y a une semaine, dix députés de la LREM avaient signé une tribune contre l’utilisation du 49.3.
Le parti est désormais divisé entre ceux qui soutiennent ouvertement le passage en force et ceux qui dénoncent en catimini une tentation totalitaire. Le climat au sein de la REM est désormais insoutenable et il y a fort à parier qu’une vague de députés quittent le parti si la protestation populaire venait à gagner du terrain.
Ceux qui pensaient que le temps des blocages était révolu se sont certainement trompés. L’intersyndical vient d’appeler à une mobilisation nationale ce mardi 3 mars qui risque de durer plusieurs jours, voire plusieurs mois. Mais, le plus grave dans cette histoire est le sort réservé aux députés et aux ministres du gouvernement.
Le 49.3 aura servi les intérêts des élites qui ont poussé leur homme fort à l’Elysée à prendre une décision très impopulaire. Ces élites très loin du peuple n’ont rien à foutre des conséquences d’une gravissime décision. Néanmoins, les députés, élus locaux ou ministres qui sont contraints d’entrer en contact avec le peuple risquent eux de payer les pots cassés. Et les dégâts sont déjà là.
A Tourcoing, la permanence de Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes Publics, a été taguée par une dizaine de manifestants en signe de protestation contre le 49.3. Je rappelle aussi que samedi, quelques heures après l’annonce du 49.3, la permanence d’Edouard Philippe avait été attaquée au Havre par des citoyens français en colère. Il y a deux jours, la permanence de Serge Daninos avait aussi été prise pour cible.
La rupture entre Macron et le peuple s’accentue de jour en jour et pourrait très mal finir. Sauf que si le président français dispose d’une sécurité personnelle hors-norme, ce n’est pas le cas de ses soutiens de plus en plus exposés sur le terrain. Les décisions périlleuses de Macron ont fini par mettre en danger ces derniers. Jusqu’à quand députés et ministres LREM seront-ils prêts à mettre leur propre vie en danger pour soutenir un président de plus en plus impopulaire ? Michel Amiel a balisé la voie. D’autres quitteront le parti pour sauver leur vie.