Emmanuel Macron recevra Vladimir Poutine ce lundi 19 août au fort de Brégançon, lieu où il passe ses vacances. Cette visite intervient dans un contexte extrêmement particulier où la France s’apprête à accueillir d’importants chefs d’Etat en marge du sommet du G7 qui se tiendra à Biarritz du 24 au 26 août.
La visite du président russe intervient également dans un contexte particulier où les relations diplomatiques entre les Etats-Unis et la France ne sont plus au beau fixe. La lune de miel entre Trump et Macron n’aura pas duré longtemps. Des désaccords profonds sur des sujets aussi importants que l’Iran, la taxe Gafa et la proposition de Macron d’ériger une armée européenne contre les Etats-Unis ont mis fin à cette alliance stratégique.
Arrivé au pouvoir en 2017, Macron s’était trompé de calcul pensant qu’un rapprochement avec l’Amérique du Nord allait lui donner un poids diplomatique très important. Très vite, il s’est rendu compte que le locataire de la Maison Blanche qui adopte une politique protectionniste extrêmement violente n’avait aucun intérêt à tendre la main à la France. Trump l’a dit et répété à plusieurs reprises : « America First » (Amérique d’abord).
Trump n’a jamais cherché à nouer une alliance avec la France, ni avec l’Europe d’ailleurs. Pour lui, il n’y a que l’Amérique et ses alliés qui comptent. Et les seuls véritables alliés des Etats-Unis sous Trump ne sont autre qu’Israël et l’Arabie Saoudite. Israël, en raison du poids très lourd du lobby juif (AIPAC) sur la politique étrangère américaine et l’Arabie Saoudite, en raison de sa richesse pétrolière.
L’Europe, très fragilisée par la dernière crise financière de 2008 et très divisée par une crise migratoire très violente, n’est plus une bonne affaire pour les Etats-Unis. Les liens diplomatiques sont certes jalousement gardés, mais l’Amérique (surtout celle de Trump) n’attend plus grand-chose de cette Europe-là.
Trump a trahi Macron plusieurs fois. En 2018, alors que le plus jeune président de la Vème République avait manifesté sa volonté de préserver l’accord nucléaire iranien, le président américain prend la lourde décision de se retirer de l’accord pour sauver des alliés clés (totalement opposés à cet accord) : Israël et l’Arabie Saoudite. Agissant de la sorte, Trump venait d’assener un coup dur à Macron.
La même année, 2018, en marge du sommet de l’OTAN, Trump n’avait pas apprécié la suggestion de Macron de créer une armée européenne pour faire aux Etats-Unis, à la Russie et à la Chine. La proposition n’était pas passée inaperçue et avait suscité une immense colère de la diplomatie américaine. Sans oublier, la décision de Trump prise le 1er juin 2017 de retirer les Etats-Unis de l’accord climatique de Paris.
En seulement deux ans, les relations se sont tellement dégradées que la France, qui s’est toujours bien gardée de froisser l’Oncle Sam, assume désormais totalement sa politique d’appliquer la loi du talion. En effet, le 11 juillet dernier, la France avait décidé de défier les Etats-Unis en adoptant au Sénat la fameuse taxe GAFA pour imposer le chiffre d’affaires des géants numériques américains à hauteur de 3%. Il s’agissait de Google, Amazon, Facebook et Apple.
Aujourd’hui, il est clair que les Etats-Unis sous Trump ne sont plus un allié sûr pour la France. Et Macron doit adopter une autre stratégie. L’Amérique de Trump ne se comporte pas en tant qu’allié de la France, mais plutôt en tant que concurrente. Et tant que Trump restera président des Etats-Unis, il y a très peu de chance que les choses s’améliorent.
Mais, l’espoir est toujours permis. Il nous reste encore la Russie de Poutine. Face aux nombreux défis auxquels l’Occident fait face (la Syrie, le Venezuela, l’Iran, l’Immigration, l’islamisme radical…), il est urgent pour Macron de rétablir des liens de confiance avec la Russie de Poutine.
Vladimir Poutine ne peut pas être perçu comme un ennemi. D’ailleurs, il ne l’a jamais été. La Russie a été toujours été considérée comme une menace par l’oligarchie financière occidentale qui a besoin d’un ennemi pour exister après la chute du communisme. Tantôt la Russie est accusée, à tort, de saboter des élections en Occident, tantôt elle est accusée de s’allier à des dictateurs (Bachar Al-Assad, Nicolas Maduro…).
La ligne diplomatique de la France doit impérativement changer. La France sous Macron doit se rendre compte qu’une alliance avec les Etats-Unis est certes primordiale, mais affermir les liens avec la Russie est devenue une obligation. On ne peut plus continuer à diaboliser la Russie de Poutine en l’accusant à tort de chercher à déstabiliser ses voisins de l’Est alors que depuis quelques années l’OTAN viole tous les traités internationaux en déployant des troupes au niveau des frontières russes.
La Russie n’est pas une menace à la stabilité politique et économique du monde. Elle est un allié et devrait être considéré comme tel. Macron doit tendre la main à Poutine s’il veut sauver la planète. Face au refus de Trump de coopérer, le président français a l’obligation de s’allier avec le seul et ultime allié de l’Occident : la Russie.