Trois jours après la proclamation des résultats du premier tour de la présidentielle française, la course à l’Elysée se poursuit toujours et si vous pensez que les malheureux candidats qui n’ont pas pu se retrouver au second tour bottent en touche, vous vous trompez certainement.
Trois jours après le premier tour, l’heure est à la séduction. Macron et Le Pen savent désormais que leurs sympathisants, qui leur ont donné toutes les chances de diriger la France dans deux semaines, n’auront pas le dernier mot. Le dernier mot est en effet entre les mains de deux camps : celui des LR et celui de la France insoumise.
Pour ce qui des LR, le suspense est déjà mort, car à la suite de la proclamation des résultats, les ténors du parti, avec Fillon à leur tête, avaient à l’unanimité appelé à voter Macron pour éviter le désastre : une France dirigée par le Front National, dont le programme économique est jugé catastrophique et dont l’arrivée au pouvoir pourrait marquer le début d’une guerre civile dans le pays.
Pour ce qui de la France insoumise, le suspense perdure. Jean-Luc Mélenchon, le chef du mouvement de gauche qui a obtenu 19,2% des voix ne s’est pas encore prononcé sur le candidat qu’il soutiendra. Entre Macron et Le Pen, Mélenchon ne veut pas encore trancher. Et cette situation fait qu’il est devenu incontestablement l’homme par qui passera la victoire du 7 mai.
Avec presque 20% d’intention de votes, Mélenchon devient sans aucun doute le seul candidat du deuxième tour. Il suffit que son électorat bascule dans l’un ou l’autre camp pour offrir à ce candidat la clef des portes de l’Elysée. Mais, il ne veut rien dire, il se mure dans un silence absolu et n’a encore donné aucune consigne de vote. Alors à quoi joue-t-il ? Telle est la question que se posent tous les analystes politiques.
Tout ce que l’on sait est qu’il a lancé une consultation qui exclut d’office le Front National. Si du camp de Macron, l’on se frotte les mains, espérant ainsi que l’électorat de la France insoumise (qui partage quelques points avec le programme du FN) votera Macron pour éviter le pire, c’est une erreur monumentale. Si l’électorat de Macron pense que la victoire est déjà en poche, il se trompe lourdement.
Car dans la presse française, on avance la thèse que 17% à 19% des électeurs de la France insoumise au premier tour pourraient se reporter vers Marine Le Pen au second tour. Conscient de ce fait, le FN a déjà commencé à affûter sa stratégie pour siphonner le vote Mélenchon.
Dans un tract diffusé sur les réseaux sociaux, des militants du Front National ont carrément établi un lien entre le programme de Jean-Luc Mélenchon et celui de Marine Le Pen, à savoir : le fameux traité de l’Europe, la sortie de la France de l’OTAN, le Schengen, les accords de libre-échange, l’abrogation de la loi El Khomri, le maintien des 35 heures, la baisse des impôts…
Le tract était accompagné d’un petit message : Insoumis, ne vous trompez pas de combat, ne votez pas Macron ». Pour le moment, il n’a pas suscité une grande réaction de la France insoumise qui détient ainsi entre ses mains tous les pouvoirs pour transformer le destin de toute une nation. A moins de deux semaines avant le second tour, force est de reconnaître que Jean-Luc Mélenchon est le seul et unique maître du jeu.