La République en Marche (LREM), parti présidentiel, a dépensé plus de 50 000 euros dans des campagnes publicitaires Facebook afin d’inciter les Français au vote par procuration. Un vote qui, d’après plusieurs experts, tournent en sa faveur
Une information complètement passée sous silence. En effet, à quelques jours du 1er Tour de la présidentielle française, les montants colossaux dépensés par LREM, parti présidentiel, pour inciter les électeurs français à voter par procuration (au cas où ils ne pourraient le faire en présentiel) ont été dévoilés par le journal Le Monde. Des milliers d’euros ont été investis.
Cependant, comme l’explique le média français, au-delà des sommes importantes, c’est la neutralité d’une telle démarche qui est au cœur du débat. Mais, avant, la question à se poser est celle de savoir à combien s’élèvent les montants dépensés dans ces campagnes de publicités sur Facebook.
A cette question, Le Monde rétorque : « avec un budget de 6 000 à 7 000 euros par jour depuis une semaine, c’est, de très loin, la principale campagne de publicités ‘politiques ou portant sur un enjeu social’ en France : sur Facebook, une page appelée « La France aux urnes » diffuse de très grands volumes de publicités, financées par La République en marche (LRM), pour inciter les électeurs à voter par procuration s’ils ne peuvent pas se rendre dans leur bureau de vote pour la présidentielle ».
Et Le Monde d’ajouter : « au total, le parti a dépensé plus de 50 000 euros pour montrer ces encarts à plusieurs millions de Français ; sur les sept derniers jours, LRM a acheté quatre fois plus de publicités Facebook que le gouvernement pour inciter au vote, et plus particulièrement à l’établissement d’une procuration. Les critères précis utilisés par la parti présidentiel pour cibler les internautes ne sont pas publics, mais l’outil de transparence du réseau social montre qu’elles ont très majoritairement été montrées à des jeunes majeurs et aux plus de 65 ans. »
Concernant la neutralité d’une telle pratique à seulement quelques jours d’une présidentielle cruciale, le parti présidentiel risque gros. Car, d’après les experts, le vote par procuration favorise plus le camp Macron en raison du fait qu’il cible une classe sociale assez aisée constituée majoritairement de retraités de classes supérieures ou des jeunes étudiants ou diplômes du supérieur.
Valerio Motta, ex responsable Web du Parti Socialiste (PS), semble valider cette thèse. « (…) On peut constater que faire une campagne spécifiquement sur la procuration, c’est viser plutôt les personnes qui partiront en vacances au moment de l’élection, et donc un électorat CSP+ qui est en général le plus favorable à LRM », dit-il.
« La légalité de ces campagnes en question »
Mais, ces campagnes sont-elles légales? A cette question, Le Monde rétorque : « la loi interdit toute publicité à caractère électoral sur Internet durant les six mois précédant une élection ». Pour Louis le Foyer de Costil, avocat et spécialiste du droit public, le gouvernement « joue avec le feu ».
Et le juriste de s’expliquer : « elle (la campagne menée par le parti présidentiel) se déroule au moment des élections elles-mêmes, et que même si les publicités n’utilisent pas le logo ou les couleurs de LRM, le nom du parti y est mentionné, comme sponsor. Mener ce type de campagne durant une période électorale, c’est imprudent. Quant à savoir si c’est irrégulier, c’est difficile à dire, en l’absence de jurisprudences similaires à l’échelle d’une élection nationale ».