Macky Sall, président du Sénégal, vient d’ouvrir la boîte de pandore par un projet de loi qui risque, cette fois-ci, de mettre le pays entier à feu et à sang. En effet, la classe politique sénégalaise est entrée en transe ces dernières heures à la suite de la publication ce 25 juin dans la presse du projet de loi n°10/2021 modifiant la loi n°65-60 du 21 juillet 1965 portant Code pénal et celui du n°11/2021 modifiant la loi n°65-61 du 21 juillet 1965 portant Code de procédure pénale qui va être soumis (en mode fastrack) à un vote de l’Assemblée nationale.
A peine publiées dans la presse, les dispositions (dudit projet de loi) inquiètent plus d’un car le contexte dans lequel il intervient n’est pas anodin. Au contraire. Il voit le jour deux mois seulement après les violentes manifestations qui avaient secoué le pays en mars dernier et qui avaient eu reçu un écho international.
Concrètement, que dit ce projet de loi très controversé ? Le gouvernement le présente comme un moyen de lutter contre les « actes terroristes et autres actes d’appui ». D’ailleurs, dans le document relayé par la presse, on pouvait lire noir sur blanc : « constituent des actes terroristes punis de la réclusion criminelle à perpétuité, lorsqu’ils sont commis intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but d’intimider une population, de troubler gravement l’ordre public ou le fonctionnement normal des institutions nationales ou internationales, de contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque la terreur, les attentats et complots, les crimes commis par la participation à un mouvement insurrectionnel, les violences et voies de fait commis contre les personnes et les destructions ou dégradations commises lors d’un rassemblement, les enlèvements et séquestrations, les menaces, les infractions liées aux technologies de l’information et de la communication ». Et là, tout est dit.
Il faut être vraiment naïf pour ne pas saisir le timing de la publication de ce texte qui sera certainement validé par l’Assemblée, fait majoritaire obligeant. La réalité actuelle est que Macky Sall cherche carrément à neutraliser l’opposition afin d’avoir les coudées franches pour briguer éventuellement un troisième mandat à la tête du pays.
Ne nous trompons pas. Ce projet de loi, qui ne constitue en aucun cas une urgence dans un pays qui fait face à une corruption systémique, à un népotisme chronique et à un chômage de masse qui plonge des millions de jeunes dans la précarité et le désespoir, n’a aucune pertinence à l’heure actuelle.
En conséquence, en se précipitant à l’imposer au peuple contre vents et marées, le régime en place dévoile au grand jour sa volonté d’éliminer une grande partie des Sénégalais dont la voix ne comptera plus car elle aura été éteinte par des mesures répressives d’une rare violence.
Mais, le vrai danger de ce projet de loi est que désormais chaque opposant au pouvoir risque d’être embastillé, socialement détruit voire tué car l’étiquette de « terroriste » lui aura été collé à vie. Et la cible numéro 1 n’est autre qu’Ousmane Sonko, chef de file de l’opposition sénégalaise qui, ces dernières années, a donné du fil à retordre à un régime despotique dont la survie ne repose désormais que sur le rapport de force.
Si ce projet de loi est validé par les députés fidèles au régime (ce qui est fort probable), l’existence même de l’Assemblée devrait être remise en question et sa dissolution, dans les heures qui viennent, doit se faire dans l’urgence. Car, au bout du compte, cette énième forfaiture est un coup de poignard assené au peuple.
Résister ou Mourir!