L’ère du Mea Culpa a sonné ? Dans le cadre de la sortie en avril d’une édition consacrée aux « races », National Geographic a publié sur son site internet un éditorial dans lequel la rédactrice en chef du magazine américain reconnaît sans détour un traitement raciste de ses reportages jusque dans les années 1970 et s’excuse auprès des « natifs » d’autres pays décrits comme des « personnes exotiques » voire des « sauvages ». Chronique.
Chaque chose en son temps ! A l’occasion de son 130e anniversaire, National Geographic prévoit de publier en avril une édition sur les « races ». D’où l’éditorial aux allures de Mea Culpa de Susan Goldberg, la rédactrice en chef du magazine américain, dans lequel elle reconnaît, à cœur ouvert, le racisme délibéré des reportages de sa rédaction jusque dans les années 1970.
« Pendant des décennies, nos reportages étaient racistes », dit-elle avant de préciser : « Pour nous en détacher, il nous faut le reconnaître. » Notre magazine a « très peu fait pour faire en sorte que ses lecteurs dépassent les stéréotypes de la culture blanche occidentale », admet-elle. Et de renchérir : notre rédaction dépeignait avec forces reportages les « natifs » d’autres pays comme des « personnes exotiques », souvent dénudés, chasseurs-cueilleurs, une sorte de « sauvages anoblis ».
Par exemple, un reportage du magazine publié en 1916 animalise deux Noirs Aborigènes : « Ces sauvages se classent parmi les moins intelligents de tous les êtres humains », dénote BBC Afrique.
National Geographic reconnaît l’humanité de ces peuples longtemps marginalisés
Pour rappel, National Geographic a été créé en 1888. En d’autres termes : il a vu le jour deux décennies seulement après la Guerre de Sécession (guerre civile américaine). Il faut savoir qu’à la fin de l’Esclavage aux Etats-Unis, la théorie de la race continue de battre son plein. Pour preuve, la ségrégation raciale a été imposée pendant la période de reconstruction. Par conséquent, les reportages racistes du magazine américain reflétaient les mœurs de l’époque. Cela dit, ce n’est pas une excuse qui exonère la rédaction de ses responsabilités.
Force est de constater : c’est assez rare qu’un journal s’excuse auprès de ses lecteurs. Plus vrai encore lorsqu’il s’agit d’un traitement à caractère raciste. C’est pourquoi, l’initiative de National Geographic mérite d’être saluée. D’autant plus que le magazine a fait appel à John Edwin Mason, un professeur à l’université de Virginie spécialisé dans l’histoire de la photographie et dans l’histoire de l’Afrique, afin de lui permettre de décrypter objectivement ses archives.
Cette rédemption est noble. Car, elle permettra aux victimes de ce racisme endémique de se reconstruire. En s’excusant, la rédactrice en chef de National Geographic reconnaît en quelque sorte l’humanité de ces peuples qui ont été longtemps marginalisés et traités comme des véritables bêtes sauvages. D’où l’importance des excuses : les excuses permettent de tourner la page du passé (historique) afin de rentrer dans le XXIe siècle. Nous pensons que la France devrait en faire au tant, en s’excusant auprès des victimes de l’Esclavage (et de la Colonisation), mais surtout en réparant financièrement ce Crime contre l’humanité.
Nelson Mandela a dit un jour : « Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de sa religion, ou de son passé […] » Après avoir passé 27 ans de sa vie en prison, le Prix Nobel de la Paix a pardonné à ses bourreaux en vue de créer la Nation arc-en-ciel.
Bravo !