A quelques jours de la présidentielle, Marine Le Pen commet une grave erreur, estimant que la France n’est pas responsable de la rafle de Vel d’Hiv, mais plutôt le régime de Vichy qui collaborait avec l’Allemagne nazie à cette époque
Une énorme bourde à treize jours de la présidentielle. Invitée sur le plateau du Grand Jury ce dimanche 9 avril 2017, Marine Le Pen a nié toute responsabilité de la France dans la rafle de Vel d’Hiv. « Je pense que la France n’est pas responsable du Val d’Hiv », a déclaré la candidate du Front National.
Marine Le Pen rejette la faute sur ceux qui étaient au pouvoir à l’époque et non pas sur la France. « Je pense que s’il y a des responsables, c’est ceux qui étaient au pouvoir à l’époque, ce n’est pas la France. La France a été malmenée par les esprits depuis des années. En réalité, on a appris à nos enfants qu’ils avaient toutes les raisons de la critiquer (…). Je veux qu’ils soient à nouveau fiers d’être Français ».
Ce lundi, dans la classe politique française, certains ont immédiatement condamné les propos tenus par Marine Le Pen. « Il ne faut pas avoir de complaisance ou minimiser ce qu’est le Front National aujourd’hui dans notre pays. Donc, c’est une faute grave, ce qu’elle fait », a déploré Macron. Et d’ironiser : « d’aucuns avaient oublié que Marine Le Pen est la fille de Jean-Marie Le Pen ».
« Marine Le Pen n’aime pas l’histoire »
Pour Benoît Hamon, Marine Le Pen n’aime pas l’histoire. « Non, elle n’a pas raison. Elle n’aime pas l’histoire, je pense qu’elle l’arrange. Elle l’arrange parce que la responsabilité de la France est évidente. Il n’y avait pas un soldat allemand pour prêter main forte aux policiers pour opérer cette rafle de Val d’Hiv », dit Hamon qui loue le « choix courageux de Jacques Chirac » qui avait condamné cette rafle.
Nicolas Dupont-Aignant dit n’avoir rien compris dans cette affaire. « Je ne comprends pas la polémique. Je vais vous dire pourquoi. Parce qu’on doit prévoir la France dans 50 ans. Et en France, on a le génie de se disputer sur un passé douloureux. Le passé est tragique. Qu’est-ce qui s’est passé ? Il y a la France qui a collaboré, c’est celle de Vichy. Il y a la France qui a sauvé l’honneur, c’est celle de De Gaulle (…) Est-ce qu’on va éternellement continuer comme ça ? », se demande-t-il.
« Je considère que la France et la République étaient à Londres pendant l’occupation »
Face à la polémique, le Front National tente de clarifier les choses. Ce lundi, un communiqué a été publié sur le site officiel du parti dans lequel on pouvait lire : « comme Charles De Gaulle, François Mitterand ou encore de nos jours Henri Guaino, Jean-Pierre Chevènement, ou Nicolas Dupont-Aignant, je considère que la France et la République étaient à Londres pendant l’occupation, et que le régime de Vichy n’était pas la France ».
« C’est une position qui a toujours été défendue par le chef de l’Etat, avant que Jacques Chirac et surtout François Hollande, à tort, ne revienne dessus. Cette position fait suite à l’ordonnance du 9 août 1944 qui a frappé d’inexistence juridique le régime de Vichy, régime collaborateur et illégal », ajoute le communiqué.
« Une instrumentalisation politique indigne »
« Elle n’exonère en rien la responsabilité effective et personnelle des Français qui ont participé à l’ignoble rafle du Vel d’Hiv (…). L’instrumentalisation politique à laquelle se livrent aujourd’hui quelques personnalités politiques est indigne. En particulier celles des prétendus gaullistes qui salissent ainsi la mémoire et l’œuvre du général De Gaulle », conclut le communiqué.
L’affaire risque de prendre une nouvelle tournure car les autorités israéliennes ont réagi aux propos de Marine Le Pen. Le ministère israélien des Affaires étrangères dénonce une déclaration « contraire à la vérité historique ». « Les présidents français ont reconnu la responsabilité de l’Etat pour le sort des Juifs qui ont péri pendant l’holocauste », a souligné le ministère israélien des Affaires étrangères.
Rappelons que la rafle de Vel d’Hiv fait allusion à la déportation de quelque 13 000 juifs par la police française dans des conditions jugées inhumaines. L’événement s’était déroulé le 16 et le 17 juillet 1942. En total, quelque 75 000 juifs ont été déportés de la France vers les camps de concentration nazie pendant la seconde guerre mondiale. Seuls 2 500 ont survécu.