Le poste de Gérald Darminin au ministère de l’Intérieur est de plus en plus menacé suite à une série de preuves irréfutables fournies par des journalistes d’investigation sur les accusations qui le visent. Ses avocats reconnaissent qu’il a bien eu un rapport sexuel avec la plaignante, mais nient toute contrepartie. Pourtant, des SMS échangés avec la victime et une lettre que Darminin a envoyée au ministère de la Justice prouvent le contraire
Gérald Darminin, actuel ministre de l’Intérieur de la France, a-t-il eu des relations sexuelles avec Sophie Patterson-Spatz (qui l’accuse de viol) en échange d’un passe-droit? C’est la question qui intrigue les enquêteurs dans une affaire devenue, depuis la nomination de Darminin au poste de ministre de l’Intérieur, une affaire d’Etat.
Les avocats du ministre ne nient pas que leur client ait eu une relation sexuelle avec la plaignante avec qui il a dîné Chez Françoise (restaurant parisien) avant de se rendre au club échangiste Les Chandelles le soir du 17 mars 2009. Cependant, ils nient l’idée d’un échange de passe-droit comme l’affirme Caroline de Haas, militante féministe, dans un twitte daté du 11 juillet. »Le ministre a reconnu avoir usé de son pouvoir pour obtenir un rapport sexuel. Vous croyez qu’on peut parler d’auto-dénonciation calomnieuse », réagit-elle.
Le ministre a reconnu avoir usé de son pouvoir pour obtenir un rapport sexuel. Vous croyez qu’on peut parler d’auto-dénonciation calomnieuse ?
— Caroline De Haas (@carolinedehaas) July 11, 2020
« La question du passe-droit intrigue »
Et elle n’est pas la seule. Laurence Rossignol, sénatrice de l’Oise, défend la même thèse. « La présomption d’innocence n’est nullement mise en cause puisque M. Darminin, du moins ses avocats, reconnaissent les faits. Les faits, ce sont un échange de service sexuel, une relation sexuelle contre une promesse de passe-droit ».
La véritable question que tout le monde se pose dans cette affaire est celle de savoir s’il y a eu contrepartie ou pas. Sur cette question précise, le journal Libération nous apporte des éclairages. Selon les informations du journal, la plaignante, Sophie Patterson-Spatz, cherchait à blanchir son casier judiciaire suite à sa condamnation en 2004 pour chantage, appels malveillants et menace de crime.
C’est ainsi qu’elle a commencé à contacter le ministère de la Justice et des élus de droite pour l’aider à « nettoyer son dossier » pour reprendre l’expression de Libération. A cette époque, Gérald Darmanin était chargé au service des affaires juridiques du parti UPM, devenu Les Républicains.
Les avocats de la plaignante accusent Darminin d’avoir promis d’envoyer une lettre au ministère de la Justice à condition qu’elle ait une relation sexuelle avec lui. La thèse d’une relation sexuelle entre les deux ne pourra pas être démentie car dans des copies de SMS obtenues, on pouvait y lire une phrase de Sophie à Darmanin : « quand on sait l’effort qu’il m’a fallu pour baiser avec toi!!! Pour t’occuper de mon dossier ». Darminin répondra : « tu as raison, je suis sans doute un sale con. Comment me faire pardonner? ». Ces échanges SMS ont été révélés par le journaliste David Perrotin sur twitter.
Ceux qui choississent de défendre la nomination de Gérald Darmanin en mettant en avant la présomption d’innoncence ferment les yeux sur bien d’autres points problématiques. https://t.co/QYz2k0Meqp
— David Perrotin (@davidperrotin) July 18, 2020
« Darminin envoie une lettre au ministère de la Justice à ce sujet »
Autre détail compromettant pour le ministre de l’Intérieur : la révélation faite par Le Monde et Médiapart confirmant l’envoi d’une lettre de Darmanin au ministre de la Justice, Michelle Alliot-Marie, le 3 novembre 2009 lui demandant « de bien vouloir faire recevoir Mme Patterson, ou pour le moins faire étudier sérieusement son dossier ». La ministre de la Justice de l’époque répondra le 30 mars 2010 affirmant ne pas pouvoir intervenir en raison de la séparation des pouvoirs.
Les échanges mails où l’actuel ministre de l’Intérieur reconnaît être « un sale con » pour ne pas s’occuper du dossier de la plaignante et la lettre adressée au ministère de la Justice sur ce sujet ne confirment en rien que Gérald Darminin est coupable de ce dont il est accusé. Toutefois, ils représentent des preuves solides qui peuvent mettre en danger son maintien à la Place Beauvau. Affaire à suivre.