Dans une vidéo qui a rapidement fait le tour de la Toile, les candidats à la succession de Joseph Kabila, président hors mandat en RDC, Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi, ont prévenu que la transition démocratique se ferait coûte que coûte. Et pour cela, les deux candidats s’entendent pour une candidature unique.
« Si Joseph Kabila n’applique pas l’Accord de la Saint-Sylvestre, il y aura une transition sans lui » ont récemment averti d’une même voix les candidats à la présidentielle Félix Tshisekedi, leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), et Moïse Katumbi, président de la plateforme d’opposition Ensemble pour le changement.
« Nous sommes ensemble et nous sommes avec le peuple. […] Il n’est plus question d’aller à un quelconque dialogue. […] Même si Kabila n’organise pas les élections, il part. Il ne peut plus espérer rester un jour de plus au pouvoir » ont déclaré les deux hommes politiques dans une vidéo qui a rapidement fait le tour de la Toile – en RDC surtout. Car à l’arrivée, il n’en restera qu’un, alors que la date pour le dépôt des candidatures est prévue dans deux mois. Ces derniers n’ont pas hésité à annoncer dans un communiqué de presse vendredi 25 Mai vouloir proposer une candidature unique, sans préciser lequel des deux serait le candidat officiel.
Retour au pays
Une pétition en ligne milite pour un retour sécurisé de Moïse Katumbi. En effet, le régime Kabila semble vouloir évincer Katumbi dans cette campagne. Déjà, en juin 2016, à l’issue d’un procès politique dans une affaire immobilière, ce dernier était condamné à trois ans de prison et de facto à l’exil. Et, récemment, le pouvoir a ressorti des cartons la polémique liée à la nationalité italienne qu’il a eue entre 2000 et 2017, et qui l’empêcherait selon Kinshasa de se porter candidat à la présidentielle.
« Pendant dix ans, alors qu’il était député, puis gouverneur du Katanga, la majorité présidentielle n’a jamais remis en question le fait qu’il soit congolais. C’est seulement maintenant, alors que Moïse Katumbi se lance dans la présidentielle, qu’ils en doutent » pestait en mars dernier Olivier Kamitatu, le porte-parole du candidat. Et il faut vraisemblablement faire confiance au régime pour continuer à lui mettre des bâtons dans les roues.
Un chef de l’Etat hors mandat qui ne cesse de repousser la tenue d’un scrutin présidentiel pourtant promis, et tacle ses opposants afin d’étouffer toute velléité de succession de leur part. Tandis que, dans la rue, les manifestations pacifiques appelant à son départ sont réprimées – souvent dans le sang.
Les débuts de la crise
Fin décembre 2016, Joseph Kabila, qui a pris ses fonctions présidentielles à la suite de son père décédé en 2001, voit son mandat prendre fin. Le pays, dont l’économie est largement amputée par un système de corruption bien ancré dans les hautes sphères du pouvoir – la RDC occupe régulièrement les premières marches des classements internationaux en la matière –, espère alors un souffle nouveau, davantage démocratique et respectueux des droits et libertés.
C’est sans compter les manœuvres auxquelles aura recours Joseph Kabila pour se maintenir en place. Le 31 décembre 2016, d’un pacte avec l’opposition, prévoit un système de cogestion du pays et l’organisation d’élections présidentielle et législatives l’année suivante ; l’Accord de la Saint-Sylvestre est depuis resté lettre morte, le chef de l’Etat gardant jalousement les clés du pouvoir et les scrutins étant toujours repoussés.
Une situation qu’ont toujours dénoncée citoyens et membres de l’opposition, qui commencent à perdre patience. D’autant plus que Joseph Kabila est soupçonné, par exemple, d’avoir interféré dans le processus électoral en graissant la patte de la Commission électoral nationale indépendante (Céni). Ce qui expliquerait le report continu des élections. Moïse Katumbi sait qu’il jouit encore d’une belle aura en RDC. Où, d’ailleurs, sa plateforme politique commence sérieusement à organiser son retour au pays et à rassembler ses partisans.
Article rédigé par notre contributeur : Abdel Doukoure