La France s’apprête à passer à un reconfinement national. D’après plusieurs sources crédibles, c’est l’hypothèse privilégiée par l’Etat. Mais, d’ici là, le gros risque qui plane sur le pays est qu’une grande partie du peuple, à bout, se soulève contre une décision qui est synonyme de privation presque totale des libertés fondamentales.
Plantons le décor. Ce soir à 20 heures, Emmanuel Macron qui, depuis hier s’est entretenu avec plusieurs membres du gouvernement, devra s’adresser aux Français comme il l’a fait à plusieurs reprises depuis mars dernier, date à laquelle la France toute entière avait été confinée pendant un mois et demi.
Cette fois-ci, nous risquons de revivre le même scénario. Le chef de l’Etat s’adressera aux Français à 20 heures et dès jeudi, les libertés fondamentales des citoyens seront gelées pendant au moins un mois. Il sera interdit de manifester. Les déplacements seront limités. Les lycées et universités seront fermées. Les bibliothèques aussi. Les citoyens seront obligés de se munir d’une attestation pour sortir sous peine d’une amende et les réunions de famille seront suspendues pendant toute la période du reconfinement national.
Il faut être très naïf pour penser qu’une telle décision sera sans conséquence. Comme cela se passe en Italie, en Espagne et dans d’autres parties du monde où des citoyens se sont soulevés pour exiger sans délai qu’on leur restitue leurs libertés, la France pourrait, à son tour, vivre un scénario similaire.
Le spectre d’une révolte en France est donc bien là. L’Exécutif le sait et s’y prépare. C’est en tout cas, ce qu’a révélé la chaîne RTL qui a cité des autorités proches du gouvernement qui ont fait part de leur crainte. « On sait qu’on va en prendre plein la tête. Car quelque soit le scénario choisi, les mesures annoncées ce mercredi soir seront synonymes de privation de libertés, et donc elles seront très dures à vivre pour une partie de la population », confie un conseiller de Macron qui a requis l’anonymat.
Et il n’est pas le seul car un député LREM, interrogé sur une éventuelle révolte populaire, a répondu en ces termes : « entre la peur et la colère, on ne sait pas ce qui va prendre le dessus ». Il faut dire que les récentes tensions contre le couvre-feu dans une partie de l’Italie ne passent pas inaperçues même si au sein de l’Exécutif, on se veut rassurant en insistant sur le fait que le contexte n’est pas le même.
Macron s’exprimera à 20 heures. C’est désormais une certitude. Juste après son allocution télévisée, des « décisions difficiles » devront être communiquées aux Français comme l’avaient annoncé Gérald Darmanin, ministre français de l’Intérieur et Elisabeth Borne, ministre du Travail ce 27 octobre. Ainsi, pendant un mois, les libertés seront rangées dans les tiroirs et « métro, boulot, dodo » sera la nouvelle devise des citoyens.
Face à une telle situation (qui risque de durer dans le temps car rien ne confirme que le reconfinement permettra de juguler la progression rapide du virus), il faut évidemment s’attendre à tout. La réalité actuelle est la suivante : une grande partie des Français est en colère et n’a jamais digéré le couvre-feu dont l’instauration a été violemment dénoncée sur les réseaux sociaux et dont l’efficacité dans la lutte contre le virus reste encore à démontrer.
Leur priver désormais de toutes leurs libertés pendant au moins 4 semaines après la prorogation de l’Etat d’urgence sanitaire jusqu’au 16 février peut se comprendre car au bout du compte, le gouvernement ne souhaite que les protéger. Mais, les méthodes appliquées jusqu’ici sont d’une rare violence et enfreignent clairement leurs libertés.
Le gros risque est que le peuple ne finisse par se soulever. Cette hypothèse, prise très au sérieux au plus haut sommet de l’Etat, ne doit plus être considérée comme un fantasme, mais plutôt comme une réalité à laquelle le pays pourrait faire face dans un futur très proche si les libertés continuent d’être sacrifiées sur l’autel de la lutte contre la pandémie à coronavirus.