L’arrrestation du très célèbre journaliste Pape Alé Niang n’est-elle pas le parfait alibi dont s’est servi le régime de Macky Sall pour museler la dissidence qui, ces dernières années, a pignon sur rue sur les plateformes numériques devenues un véritable casse-tête pour le pouvoir en place?
En tout cas, la question semble d’autant plus pertinente que le régime est en train de profiter d’une immense opportunité pour museler les voix dissidentes qui, sur les réseaux sociaux, défient ouvertement l’Etat et dévoilent au grand jour les graves scandales passés sous silence par une certaine presse.
En effet, une semaine après l’arrestation du journaliste Pape Alé Niang pour « secret-défense », le gouvernement sénégalais s’apprête à déclarer une guerre sans merci à l’opposition 2.0, celle qui a récemment pris d’assaut YouTube, Facebook, Twitter ou encore Tiktok afin de dénoncer les dérives totalitaires d’un Etat qui ne se gêne plus de piétiner les libertés individuelles.
Et désormais le gros danger qui guette ce pays est que le pouvoir en place instaure une censure médiatique sans précédent qui privera de parole les vaillants activistes qui tentent, tant bien que mal et dans un environnement politique extrêmement hostile, d’informer le peuple autrement.
Cette triste réalité risque hélas de voir le jour dans un futur proche, comme l’a d’ailleurs annoncé Me Moussa Bocar Thiam, ministre de la Communication, qui a fait savoir ce 13 novembre dans une interview accordée à RFM qu’une loi sur les réseaux sociaux est en discussion afin de sanctionner les auteurs de dérives sur les plateformes numériques. « C’est un sujet sensible mais il est temps de mettre fin à ces dérives et l’Etat a tous les moyens de mettre fin à cela », a-t-il menacé.
Si, au fond, l’idée d’assainir l’espace numérique est à saluer, la question à se poser est celle de savoir si, par cette russe, l’Etat ne finira pas par museler tous les créateurs de contenu opposés à sa gestion despotique et autocratique du pouvoir. Cette initiative est d’autant plus absurde que si Macky Sall a été élu à la tête du pays en 2012, c’est grâce à une forte mobilisation de citoyens sénégalais sur les réseaux sociaux contre le régime d’Addoulaye Wade qui voulait le neutraliser politiquement.
Et voilà que 10 ans après son arrivée au pouvoir, Macky Sall et ses ouailles tentent un énième coup de Trafalgar en brandissant l’arguement de « dérives sur les réseaux sociaux » pour censurer, à tout bout de champ, toute opinion qui leur est défavorable.
Ce régime, à bout de souffle, semble avoir perdu la raison. Et il faudra y mettre un terme avant que cela ne soit tard.