La sentence est sur le point de tomber pour Moustapha Laabid, député LREM condamné pour détournement de fonds publics. En 2019, le procureur de Rennes avait requis 10 ans d’inéligibilité et six mois avec sursis contre le député LREM, Mustapha Laabid, accusé d’avoir utilisé la carte bancaire de son association Collectif Intermède pour régler ses frais de voyage et ses nuits d’hôtel.
Avant de développer, il serait intéressant de planter le décor. En effet, il convient de rappeler que l’affaire Laabid avait suscité un gros tollé médiatique en juin 2019 lorsque plusieurs médias avaient révélé les pratiques malsaines du député en question dans la gestion d’une association.
Les révélations faites par la presse au moment des faits étaient spectaculaires. Ainsi, à en croire le journal 20 minutes, l’affaire porte sur plusieurs milliers d’euros. Le média parle d’au moins de 21 930,54 euros. Pendant tout le temps où il a présidé cette association, le train de vie du député LREM a été extrêmement élevé. Mustapha Laabid vivait dans un luxe absolu.
15 000 euros dépensés dans des restaurants, 2 800 euros de frais de téléphone et des nuits d’hôtel pour un montant de 2 350 euros. Et ce n’est pas tout. Quand il fait ses courses, Mustapha Laabid dépense sans compter : il déboursait plus de 1 300 euros dans l’achat de vêtements, de l’essence… D’après Europe 1, les faits auraient été commis entre Rennes, Paris et Marrakech entre 2015 et 2017.
« On faisait des apéros, des barbecues, des petits-déjeuners »
Face à la gravité des faits, le tribunal de Rennes, saisi, finira par le condamner à 3 ans d’inéligibilité. Mais, l’un des passages les plus médiatisés lors de son procès est lié à la réponse qu’il avait fournie au juge concernant une somme de 1 300 euros réglée dans des fast-foods sans fournir le moindre justificatif.
Sur ce, sa réponse a surpris plus d’un : « on faisait des apéros, des barbecues, des petits-déjeuners, qui réunissaient des familles, des jeunes et des moins jeunes », rétorque-t-il. Et d’ajouter : « il y a peut-être eu des négligences dans la gestion. Mais, en quoi est-ce malhonnête d’inviter des jeunes au McDo ? ».
Face au procureur, Mustapha Laabid s’est expliqué sur l’usage de la carte bancaire de son association pour ses frais de séjour au Maroc et ses deux nuits d’hôtel à Paris. « Il y a eu un problème avec ma carte et celle de ma femme à Marrakech. Et pour les deux nuits à Paris, je ne pensais pas que ce serait prélevé car tout est pris en charge par les frais parlementaires », dit le député LREM qui reconnaît néanmoins « quelques erreurs et négligences ».
« Vers une déchéance du mandat de député de Moustapha Laabid »
Deux ans après les faits, l’Etat veut passer à l’action en punissant un représentant du peuple dont l’appartenance au parti au pouvoir embarrasse Emmanuel Macron et ses proches. Ainsi, comme nous le révèlent nos confrères de Ouest France, le ministre de la Justice, Eric Dupont-Moretti, a saisi le Conseil Constitutionnel à la date du 21 juillet 2021 afin d’obtenir la déchéance du mandat de député de Moustapha Laabid.
« Si le conseil constitutionnel prononce la déchéance du mandat de Mustapha Laabid, son élection en juin 2017 sera annulée. Mustapha Laabid devra donc quitter l’assemblée nationale, il ne percevra plus ses indemnités et devra licencier ses collaborateurs parlementaires. Il n’y aura pas de nouvelle élection car les prochaines élections législatives se dérouleront dans moins d’un an, les 12 et 19 juin 2022 », renseigne la source.