Emmanuel Macron n’arrive toujours pas à convaincre les Français. En effet, il y a deux jours, on a appris dans la presse que le président de la République, en déplacement en Côte d’Ivoire où il fêtera Noël en compagnie des soldats français, a renoncé à sa retraite (pension à vie) dont le montant est estimé à 6 220 euros (5 200 euros net). Et ce n’est pas tout. Emmanuel Macron a aussi renoncé à être membre au Conseil Constitutionnel où les anciens présidents perçoivent 13 500 euros par mois, comme l’a révélé le Courrier International.
En gros, Macron renoncera, une fois terminé son mandat, à 20 000 euros par mois. L’annonce de cette nouvelle a suscité, ces dernières heures, une réaction spectaculaire dans la classe politique française où les avis ont été très mitigés. Certains applaudissent, d’autres s’en moquent. Une chose est tout de même sûre : la décision de Macron de renoncer à ses privilèges n’apaise pas la crise politico-sociale qui frappe le pays, surtout en pleine période de vacances.
Macron a très bien fait d’avoir renoncé à 20 000 euros par mois et je fais partie de ceux qui applaudissent. En effet, un chef d’Etat est un guide et un guide doit adopter une attitude exemplaire. Et face à la crise-sociale qui secoue le pays, renoncer à un tel privilège, surtout lorsqu’on a été banquier d’affaires pendant plusieurs années et qu’on a la certitude totale qu’après la présidence, on aura aucune difficulté à intégrer l’une des plus prestigieuses d’affaires du monde, est un geste fort symbolique à saluer.
Mais, là où Macron a péché, c’est d’avoir attendu que la situation se complique pour le faire. Autrement dit, sans la crise des Gilets Jaunes et la grève générale qui compromettent toutes ses chances de briguer un second mandat à la tête de la France, certainement il n’aurait renoncé à rien. Le timing choisi pour annoncer cette décision a été très mauvais. Et l’effet produit, contrairement à ce à quoi il s’attendait, a été très négatif.
La réaction des Français suite à l’annonce de cette décision nous plonge dans la réalité de la France d’aujourd’hui, ou plutôt de la France d’Emmanuel Macron : la colère du peuple envers son président est de plus en plus vive et quelles que soient les concessions, la confiance est presque totalement rompue.
La première mission de Macron, une fois élu démocratiquement à la tête de ce pays, aurait été de rétablir la confiance qui n’était pas encore là. En effet, il convient de rappeler que la victoire de Macron a pu se produire car il avait en face de lui Marine Le Pen, candidate du Rassemblement National. Face à un Fillon ou un Mélenchon, la situation aurait été très différente.
Le plus jeune président de la Vème République s’est précipité dans sa volonté de réformer le pays, en voulant à tout prix s’imposer comme l’ultime réformateur d’un pays où des générations se sont battues pour arracher leurs privilèges en payant un prix très fort. La politique fast-track qu’il a voulu imposer au peuple ne pouvait en aucun cas porter ses fruits. Pire, elle a provoqué une distanciation énorme entre Macron et le peuple.
Que le chef de l’Etat attende que la situation se soit détériorée pour faire un geste n’y change rien. 20 000 euros, 30 000 euros ou 100 000 euros…les chiffres sont certes symboliques, toutefois renoncer à sa façon de faire serait plus efficace pour gagner une confiance indispensable afin de gouverner.
« L’autorité vient d’en haut, la confiance vient d’en bas », disait Emmanuel Siéyès, l’un des pionniers de la Révolution Française. Avec Emmanuel Macron, l’autorité s’est transformée en une forme d’arrogance et il ne reste au peuple que très peu de confiance envers son président.
Ce déséquilibre est extrêmement dangereux car il ternit l’image du leader et tue toutes ses chances de trouver un compromis. Macron a une nouvelle fois échoué à convaincre.