Un scandale de plus! En tout cas, en pleine crise sanitaire et au moment où le scandale des cabinets de conseil embarrasse le gouvernement, un nouveau scandale, révélé ce 09 janvier par Libération, risque d’envenimer un climat politico-social délétère, marqué par une réforme des retraites dont l’adoption pourrait mettre le feu aux poudres.
En effet, d’après le média Libération, le ministre délégué chargé de la Transition numérique et des télécommunications est à l’origine de la promotion d’une lobbyiste des laboratoires Servier. Jusqu’ici tout va bien. Mais, là où le problème se pose, c’est que la femme promue au grade d’officier de la Légion d’honneur le 01 janvier 2023 était lobbyiste des labos Servier à l’époque du scandale du Mediator.
« Le timing, déjà, avait de quoi surprendre. Il n’est pas anodin que Madeleine Dubois, lobbyiste des laboratoires Servier, soit promue au grade d’officier de la Légion d’honneur, quelques jours à peine avant le procès en appel du Mediator, qui s’ouvre ce lundi. Ce n’est pas tout : CheckNews est en mesure de dévoiler qui, au sein du ministère de l’Economie, est à l’origine de cette proposition : un certain Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des télécommunications. Qui n’est autre que le fils de Jacques Barrot, ancien ministre et… mentor de Madeleine Dubois, décorée le 1er janvier 2023″, révèle la source.
Parlant de la proximité entre le ministre et la lobbyiste promue au grade d’officier de la Légion d’honneur, Libération nous apprend ceci : « (…) entre-temps et en parallèle de son activité dans l’industrie pharmaceutique, Madeleine Dubois se lance dans la politique locale. Fidèle à son mentor, elle remplace Jacques Barrot dans son fief de Haute-Loire, en 2004, au conseil général du canton d’Yssingeaux. Avant de devenir vice-présidente du conseil général de Haute-Loire en 2013 ».
Et d’ajouter : « deux ans plus tard, elle prend sous son aile le fils Barrot, désormais ministre. C’est en binôme qu’ils sont élus au conseil départemental du canton d’Yssingeaux. D’après le journal local la Montagne, qui voit en Madeleine Dubois la ‘marraine’ du jeune Jean-Noël Barrot, elle cherchait à l’imposer sur la scène politique de Haute-Loire depuis 2008. Aujourd’hui, c’est lui qui la décore ».
L’affaire est d’autant plus scandaleuse que la lobbyiste décorée n’est pas la seule ex cadre de Servier à être promue. D’autres ont aussi été honorés. « Madeleine Dubois n’est pas la première protagoniste de l’affaire Mediator à figurer sur les registres de la prestigieuse institution. Outre Jacques Servier, qui reçoit la Grand-Croix de la Légion d’honneur des mains de Nicolas Sarkozy en 2009, on retrouve l’ancien garde des Sceaux Henri Nallet parmi les promus du 14 juillet de l’Ordre national de la Légion d’honneur, en 2015. Lui aussi compte parmi ses faits d’armes d’avoir été le conseiller de Jacques Servier. A l’époque, la pneumologue et lanceuse d’alerte Irène Frachon, à l’origine du scandale, s’indigne haut et fort, conduisant à une suspension de la récompense. Une suspension temporaire uniquement car, d’après nos informations, Henri Nallet a bien été décoré en 2021 au grade de commandeur de la Légion d’honneur », renseigne Libération.
Et Libé de conlure : « l’année dernière, en 2022, c’était au tour de Claude Griscelli, médecin et consultant pour les laboratoires Servier, de recevoir la Légion d’honneur. Poursuivi pour trafic d’influence, soupçonné d’avoir poussé la sénatrice Hermange à produire un rapport favorable au Mediator, il avait finalement été relaxé. Là encore, Irène Frachon était montée au créneau. Elle assure à Checknews avoir écrit au président Macron à ce sujet, sans pour autant recevoir de réponse. Aujourd’hui, face à la promotion de Madeleine Dubois, elle constate, fataliste : ‘en gros, il suffit d’avoir un casier judiciaire vierge pour recevoir la Légion d’honneur ? Alors que des faits débattus en audience ont révélé et confirmé l’existence de comportements indignes…' »