Des fonctionnaires de l’Etat français sont entrés en contact avec NSO, la société israélienne qui a fabriqué le logiciel Pegasus dont se servent les dictateurs pour espionner les opposants politiques
Une révélation explosive qui arrive au mauvais moment pour l’Etat français qui, depuis bientôt un mois, est fragilisée par une véritable crise diplomatique. Hélas, les déboires semblent n’avoir pas encore connu leur épilogue et la nouvelle révélation faite par Europe 1 risque de jeter de l’huile sur le feu.
En effet, Lecourrier-du-soir.com a appris ce 02 octobre du média Europe 1 que l’Etat français a failli acheter le logiciel Pegasus, redoutable logiciel d’espionnage fabriqué par Israël et qui a permis à de nombreuses dictatures d’espionner les appareils téléphoniques ou informatiques des opposants.
Ironie du sort, la France, grande démocratie, a pourtant entrepris des négociations avec la société NSO, comme le révèle la source. Sur ce, Europe 1 dira : « cette société israélienne n’est pas si inconnue du gouvernement français. En effet, selon les informations d’Europe 1 et de Cnews, six mois avant l’affaire, plusieurs services de l’État étaient en discussions commerciales avec la société NSO. »
Et d’ajouter : « en réalité, cela faisait un peu plus d’un an et demi que la France cherchait à se doter d’un outil de ce type. Pour une raison : aucune société tricolore n’est capable de fournir une telle prestation. Les services de renseignement ont beaucoup de mal à casser les codes cryptés des messageries comme Telegram, WhatsApp ou encore Signal. »
Toujours d’après la source, en France, plusieurs fonctionnaires d’Etat sont entrés en contact avec la société NSO. « Ils sont même allés très loin dans les négociations commerciales : sur le point de signer un contrat, ils ont demandé à Emmanuel Macron en personne de trancher, le sujet étant ultra-sensible », renseigne Europe 1. Emmanuel Macron a finalement tranché. Sa réponse a été un « non » catégorique.
Il convient de souligner que le logiciel Pegasus a provoqué, ces derniers mois, un tollé général dans la presse internationale. D’ailleurs, en juillet dernier, plusieurs journalistes ont révélé que la rédaction du journal Le Monde ainsi que 16 autres médias ont eu accès à 50 000 numéros de téléphone potentiellement ciblés par Pegasus.
En France, parmi les journalistes espionnés, figurent Edwy Plenel de Médiapart et Dominique Simonnot (ex Canard Enchaîné). Plus tard, il a été révélé, dans la presse, qu’Emmanuel Macron, Jean-Michel Blanquer et d’autres personnalités ont aussi été ciblés par le logiciel
Dans le monde arabe, le logiciel est très prisé par les dirigeants politiques. Ainsi, au Maroc, le gouvernement l’aurait utilisé pour espionner l’opposant, Omar Radi. Et en 2018, peu après l’assassinat de Jamal Khashoggi, le lanceur d’alerte, Edward Snowden, avait révélé que le gouvernement saoudien avait utilisé ce logiciel pour piéger Khashoggi avant de mettre fin à ses jours de la manière que nous connaissons tous.