Le gouvernement français sous Emmanuel Macron détient-il le record des scandales politico-financiers? Si, pour l’heure, il est difficile de répondre à cette question, une chose est tout de même sûre : c’est l’un des gouvernements ayant été le plus visé par les enquêtes sur des scandales d’Etat.
Et on pensait que l’affaire McKinsey, qui a failli coûté cher à Macron à la veille de la présidentielle, était le dernier scandale. Mais, apparemment non! Le locataire de l’Elysée vient d’être cité dans une grave affaire communément appelée « UberFiles », mettant en cause le rôle qu’il a joué dans la dérégulation des VTC au profit d’Uber, entreprise américaine.
La révélation a été faite ce 10 juillet par la presse française en collaboration avec l’ICIJ (International Consortium of Investigative Journalism). En effet, dans une enquête publiée ce 10 juillet et consultée par Lecourrier-du-soir.com, l’ICIJ nous apprend que tout a commencé en 2015 lorsque des chauffeurs Uber ont entamé de violentes manifestations à Marseille, deuxième plus grande ville de France. A l’origine de ces violences : l’ « Offre Pop », développée par Uber et qui permet à n’importe qui de s’improviser chauffeur afin d’arrondir ses fins de mois.
Pris de panique (par la montée des violences), Uber dépêche son plus grand lobbyiste européen pour s’arranger avec Emmanuel Macron, à l’époque ministre de l’Economie. Ainsi, dans un texto daté du 21 octobre 2015 et envoyé à celui qui est devenu en 2017 Président de la France, le lobbyiste d’Uber, Mark MacGann écrit : « pourriez-vous demander à votre cabinet de nous aider à comprendre ce qu’il se passe? Respectueusement. Mark ». Sans tarder, dès le lendemain, Macron luirépond : « je vais voir ça personnellement. Envoyez-moi tous les éléments factuels et nous déciderons ce soir. Restons calme à ce stade. Je vous fais confiance ».
Mais, le média qui parle mieux de l’affaire n’est autre que France Info qui fournit tous les détails du scandale. En effet, d’après ce média, le gouvernement socialiste, dirigé par François Hollande n’a jamais été favorable au service d’ « Uber Pop ». D’ailleurs, d’après la même source, Hollande annoncera, le 26 juin 2015, qu’UberPop devra être dissous, plongeant ainsi l’entreprise américaine dans l’embarras.
Cependant, Uber ne s’avoue pas vaincu. La multinationale américaine tentera sa dernière chance en frappant à la porte de Bercy, dirigé par celui qui sera, quelques années plus tard, l’homme le plus puissant de France. « (…) Les dirigeants de la plateforme américaine garderont confiance car depuis plusieurs mois, ils bénéficient de l’écoute bienveillante de la figure montante du gouvernement, Emmanuel Macron », note France Info.
Pour contrecarrer la décision du gouvernement socialiste de dissoudre UberPop, l’entreprise américaine enclenche un bras de fer spectaculaire. En quoi faisant? En allant directement s’expliquer avec Emmanuel Macron afin de liquider la « Loi Thèvenoud », censée réglementer l’activité des VTC en France – et bannir les services tels qu’UberPop.
« C’est alors que quatre figures d’Uber arrivent à Bercy : le « boss », Travis Kalanick, est là en personne, avec le vice-président du groupe, David Plouffe – un ancien conseiller de Barack Obama –, ainsi que Pierre-Dimitri Gore-Coty, directeur d’Uber pour l’Europe de l’Ouest, et le lobbyiste Mark MacGann. Comment se passe la rencontre – qui ne figure pas à l’agenda du ministre ? ‘Spectaculaire. Du jamais vu’, résume Mark MacGann à ses collègues dans un mail que nous avons pu consulter », révèle France Info.
Et que fera Macron concrètement? A cette question, France Info rétorque : « et en effet, durant plusieurs mois, Emmanuel Macron va plaider, notamment au sein du gouvernement, pour un allègement de la réglementation qui encadre les plateformes VTC. Si cela fonctionne, Uber en sortira grand gagnant. En échange, l’entreprise aux méthodes décriées devra sans doute se résoudre à quelques concessions, en abandonnant ses prestations les plus controversées ».
D’après l’enquête menée par les journalistes d’investigation, Emmanuel Macron a même été personnellement contacté par Uber lors d’une perquisition visant les locaux de l’entreprise. Mais, le plus grave dans tout cela, c’est que Macron n’était même pas ministre des Transports (ministère de Tutelle dont devait normalement dépendre Uber) qui devait intervenir dans ce dossier très sensible. Etrange, non?
En tout cas, à peine révélée, l’affaire commence à faire grand bruit en France où des personnalités de premier plan sont citées. Ainsi, dans un article publié sur le même sujet, le journal Le Monde accuse les économistes français Nicolas Bouzou et Augustin Landier d’avoir été rémunérés par Uber pour réaliser des études sur mesure et prendre sa défense dans les médias.
L’affaire a déclenché ces dernières heures une véritable polémique sur les réseaux sociaux.
💬 «Meeting méga top avec Emmanuel Macron ce matin»
Une fuite massive de documents internes à Uber démontre comment ses dirigeants ont noué une relation de proximité avec Emmanuel Macron, alors jeune ministre de l’économie en 2014 #UberFileshttps://t.co/VauopPs4SD
— Le Parisien (@le_Parisien) July 11, 2022
Une bonne partie des « économistes » libéraux qui squattent les plateaux télés sont rémunérés pas des multinationales, directement ou via des think tanks.
J’ai du débattre avec eux tant de fois.
Et les #UberFiles le prouvent à nouveau.https://t.co/iiGxvuqd2a— Aurélie Trouvé (@TrouveAurelie) July 10, 2022
Les #Uberfiles sont la démonstration que la France est l’un des derniers bastions à dépecer par le néolibéralisme. Et c’est Macron qui se charge du hold up. #MacronDestitution #MacronDemission !
— Adam.C 🐢✌️ (@AdamC_63) July 10, 2022