En cas de contentieux sur les vaccins, Pfizer impose que les Etats le poursuivent dans des tribunaux privés secrets (et non publics) dont les juges et le verdict sont totalement tenus secrets. Une des conditions que le géant pharmaceutique impose aux Etats au moment de signer des accords sur l’achat de ses doses de vaccins
Pfizer, une nouvelle fois, sur la sellette. Deux jours seulement après la révélation faite par Lecourrier-du-soir.com sur les manœuvres secrètes de Pfizer pour faire taire les lanceurs d’alerte qui détiennent des informations compromettantes sur ses pratiques malsaines, notre rédaction vient, une nouvelle fois, d’obtenir de nouvelles informations sur le tout-puissant laboratoire américain qui, depuis l’arrivée de la pandémie à Coronavirus, ne cesse d’amasser des milliards de dollars dans des contrats souvent passés dans des conditions extrêmement opaques.
En effet, ces dernières heures, c’est par l’intermédiaire du média américain Washington Post que notre rédaction a appris l’existence d’un rapport mené par l’organisation Citizen.org qui révèle les méthodes « totalitaires » imposées par le géant pharmaceutique pour vendre ses vaccins.
Ainsi, d’après les informations obtenues par cette organisation, dans ses contrats signés avec les Etats, Pfizer dicte sa loi. Preuve à l’appui, Citizen.org accuse le laboratoire américain d’avoir muselé des gouvernements. Par exemple, dans le cas des contrats signés avec le Brésil, le gouvernement de ce pays avait reçu l’ordre de ne divulguer aucune information concernant les termes de l’accord.
Apparemment, le Brésil ne serait pas le seul pays à avoir subi la dictature du tout-puissant laboratoire américain. Car, d’après Citizen.org, les mêmes conditions de confidentialité ont aussi été imposées à l’Union Européenne et au gouvernement américain. « Dans ces cas, toutefois, l’obligation s’applique aux deux parties », note l’organisation.
Dans le cas des Etats-Unis, par exemple, le gouvernement américain a reçu l’ordre de n’émettre aucune déclaration publique sur l’existence du deal ou les termes de celui-ci. L’Union Européenne, quant à elle, a reçu l’ordre de ne pas divulguer le prix des doses de vaccins. En gros, la consigne est claire : toute information mise à la disposition du public doit, au préalable, obtenir l’accord de Pfizer.
Mais, le plus scandaleux dans cette révélation faite par Citizen.org réside dans le fait qu’en cas de litige, Pfizer ne peut pas être poursuivi par des tribunaux publics, mais plutôt privés. Ainsi, à en croire Citizen.org, il s’agit d’un « panel constitué de trois arbitres (juges, ndlr) privés imposé au gouvernement lors de la signature de l’accord ».
Sur ce, Citizen.org précise : « le jugement (arbitrage) est mené selon les règles de l’arbitrage de la Chambre de Commerce Internationale (CCI). Il est exigé aux deux parties de tout garder en secret ». Parlant de l’arbitrage privé, l’organisation ne mâche pas ses mots : « l’arbitrage privé reflète un déséquilibre du pouvoir. Il permet aux géants pharmaceutiques tels que Pfizer de contourner les règles juridiques des Etats. Ceci consolide le pouvoir corporatif et piétine l’Etat de droit ».
Cette révélation, faite en octobre 2021, intervient au moment où les manœuvres de Pfizer pour faire taire les lanceurs d’alerte sont dévoilées au grand jour. En effet, dans un article paru en novembre dernier et lu par Lecourrier-du-soir.com, le journaliste d’investigation américain Lee Fang y fait une révélation de taille.
D »après ce dernier, Pfizer et d’autres géants pharmaceutiques américains exercent une forte pression depuis quelque temps pour faire tomber la loi dite « False Claim Act », qui a vu le jour lors la Guerre Civile américaine et qui vise à récompenser les lanceurs d’alerte qui dévoilent la corruption et la fraude des grandes entreprises.
Déjà condamné à plusieurs reprises pour fraude, Pfizer compte liquider ladite loi. Pour cela, le géant pharmaceutique américaine a déjà recruté de redoutables hommes politiques américains ainsi que des cabinets d’avocats afin de flinguer une loi qui lui donne du fil à retordre.