Jonathan Capehart, journaliste à Washington Post, nous a révélé les dessous de la poignée de main très serrée entre Donald Trump et Emmanuel Macron. Les deux hommes se sont rencontrés pour la première fois ce jeudi 25 mai 2017 en marge du sommet de l’OTAN à Bruxelles
L’article est traduit de l’anglais an français
Emmanuel Macron a été prévenu.
Le nouveau président de la France a été prévenu de se préparer à la dure épreuve de devoir serrer la main à Donald Trump, exercice maladroit et très agressif. Emmanuel Macron a été prévenu de Washington lors d’un diner qui s’est tenu à la résidence de Gérard Araud, ambassadeur français auprès des Nations-Unies.
Je faisais partie des journalistes, des politiciens, des philanthropes et des membres de Think Tank réunis au presbytère de Kalorama pour participer à une conversation coorganisée par l’Atlantic sur le thème de la montée du populisme dans les démocraties libérales occidentales. Un ami et moi parlions durant l’apéritif lorsque surgit l’aimable et le taquin Araud.
A l’instar de toutes les conversations entreprises ces 126 derniers jours dans cette ville, la nôtre s’orienta vers Trump. L’ambassadeur, dont la dernière fonction a été celle d’un ambassadeur de la France auprès des Nations-Unies, nous a balancé l’information selon laquelle il avait prévenu Macron sur la manière dont il devait gérer sa première rencontre avec Donald Trump en marge du sommet de l’OTAN à Bruxelles ce jeudi dernier.
Lorsque je lui ai demandé ce qu’il a raconté au nouveau patron (Macron, NDLR), Araud, d’un ton diplomatique et d’un sourire suffisant, m’ordonne de foutre le camp. Le fait qu’il ait donné des conseils à Macron ne fût pas une surprise car il y avait déjà des rumeurs sur la manière dont les dirigeants européens se préparaient pour rencontrer Donald Trump.
« L’avez-vous prévenu sur les poignées de main de Trump ? », lui demande mon ami philanthrope. Surpris, Araud lui fixe le regard comme pour lui faire savoir qu’il n’avait pas bien compris sa question. Tous deux, nous lui parlions de l’affinité de Trump au mâle dominant (male alpha), cette façon de bien serrer la main de l’autre et de la tirer vers soi dans le but de le réduire en une poupée de chiffon. Averti, Araud décide immédiatement d’alerter Macron.
En rencontrant Macron pour la première fois lors d’un repas ce jeudi à Bruxelles à la résidence de l’ambassadeur américain de Belgique, les deux hommes se sont serré la main pendant six secondes, à tel point que les articulations de leurs doigts sont devenues blanches. Leurs mâchoires se sont serrées et leurs visages se sont resserrés.
Trump a été le premier à serrer la main à Macron, mais cherchera deux fois à la retirer. Cependant, Macron n’a pas relâché la sienne. Le président français lui serre très fortement la main avant de la relâcher. Sur le tapis bleu, Macron face aux dirigeants du monde. Au moment où le président américain lui tend la main en lui disant : ‘hey, mec !’, Macron vire à droite, laissant Trump seul en train de le regarder faire la bise à Angela Merkel, la chancelière allemande.
Lorsque Macron se dirige vers Trump pour le saluer, le président américain entame immédiatement son fameux exercice de grab-and-pull (attraper la main de l’autre et la tirer très fort vers soi). Macron résiste. Le président français appuie sa main gauche sur celle de Trump pour atténuer le grab-and-pull au moment où les caméras du monde entier étaient braquées sur eux.
Araud quittera ses fonctions d’ambassadeur français auprès de l’ONU dans un ou deux mois. Une réception dans sa résidence ce jeudi soir lui a permis de remercier la ville de Washington et de lui faire ses adieux avec élégance sous l’acclamation des hôtes. Au moment où mon mari et moi disons au revoir au seul diplomate ouvertement homosexuel, je lui ai demandé s’il avait vu la vidéo de la poignée de main et s’il avait vraiment eu la chance de prévenir Macron.
« Oui », me répond-t-il, les yeux brillant derrière un masque noir tout en souriant et en mimant avec beaucoup d’enthousiasme le geste de la poignée de main.
Article intégralement traduit de l’anglais au français par Lecourrier-du-soir.com. L’auteur de cet article, Jonathan Capehart, est membre de la Rédaction de Washington Post. Pour lire l’article original en anglais, cliquez ici : Washington Post