Business as usual. Emmanuel Macron, président de la France, s’est rendu mercredi 24 novembre en Croatie pour une visite hautement stratégique. Car, il s’agit pour l’Hexagone de finaliser de juteux contrats d’armements. D’ailleurs, à en croire Les Echos, le président s’est rendu dans ce pays pour sceller la vente de 12 Rafale pour un montant de près de 1 milliard d’euros.
Détail très important à souligner : au-delà de son caractère stratégique, la visite est aussi très symbolique car c’est la première fois qu’un chef d’Etat français se rend en Croatie depuis 1991, date à laquelle le pays a accédé à l’indépendance. On a alors compris l’importance d’un tel déplacement pour le chef de l’Etat français dont le pays traverse depuis l’avènement de la pandémie à Coronavirus une crise-politico sociale sans précédent.
Et cette crise qui, jusqu’ici n’était visible qu’en métropole, s’est étendue dans les territoires français d’Outre-mer sur fond d’obligation vaccinale et de Pass Sanitaire qu’une partie des soignants en Martinique et en Guadeloupe refusent catégoriquement. D’ailleurs, ces derniers jours, de violentes manifestations déclenchées par un peuple à bout ont poussé Paris à déployer le RAID et le GIGN afin de rétablir l’ordre.
Mais, ce qui est étrange dans cette révolte qui met les territoires d’Outre-mer à feu et à sang est l’absence totale de dialogue politique de la part d’un Etat dont l’image a été très dégradée par le déploiement de ses forces de l’ordre, donnant ainsi le sentiment que face aux cris de détresse d’une France rebelle, loin de la métropole, seule la matraque pourrait faire revenir le calme.
Il ne nous a pas échappé qu’aucun ministre du gouvernement ne s’est encore rendu en Guadeloupe depuis les émeutes. Ni Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, ni Jean Castex, positif au Covid, ni Olivier Véran, encore moins Emmanuel Macron qui, lui, préfère parler business à plus de 1 000 km de la France pendant qu’une partie oubliée de cette même France trouve dans le pillage et le saccage sa seule source de survie.
Dans cette révolte anti-vax dont l’origine est probablement à chercher dans le rejet, le mépris et l’oubli dont sont victimes les citoyens français d’Outre-mer, l’Etat a lamentablement échoué. Et pire, il a confirmé les accusations des nationalistes antillais qui n’ont cessé, ces dernières années, de dénoncer le traitement qui leur est réservé, faisant d’eux des citoyens de seconde catégorie.
Se rendre en Croatie pour négocier un contrat d’armement de près de 1 milliard d’euros est une bonne chose. Cependant, lorsqu’une telle visite intervient en pleine révolte dans une partie du territoire où la République est menacée, un tel déplacement devient moralement insoutenable.
Je dois faire remarquer qu’en 2018, lors de la crise des Gilets Jaunes, tous les déplacements du chef de l’Etat avaient été annulés et il aurait dû en être de même cette semaine lorsque des forces de l’ordre ont été pris à partie par des manifestants en colère qui ont pillé et saccagé, non pas parce que ce sont des racailles, mais pour que la métropole prenne conscience de leur souffrance qui n’a que trop durer.
L’absence totale des autorités étatiques aux côtés des Martiniquais et Guadeloupéens est un crime politique que l’Exécutif doit réparer immédiatement afin d’éviter d’attiser le sentiment nationaliste anti-français qui gagne du terrain dans cette partie de la France où le passé colonial, raciste et esclavagiste de la République reste encore très vif dans les esprits.