Sanctions contre la Russie : en colère, la Croatie crache le morceau : « ces sanctions font mal à l’Europe », dit le président croate

L’intégration de la Croatie au sein de l’Union Européenne a-t-elle été une erreur? La question se pose à la suite des récentes sorties du président croate qui n’a cessé, ces derniers jours, de sermonner les dirigeants européens. Et ça continue. Car, après avoir publiquement déclaré que l’OTAN mène une guerre par procuration contre la Russie en Ukraine, le président croate, Zoran Milanovic, dénonce les sanctions infligées à la Hongrie et la Russie.

C’est du moins ce que nous a appris ce 23 janvier l’agence de presse américaine, The Associated Press qui évoque une conférence de presse tenue à Budapest en marge de la visite de la responsable politique hongroise, Katalin Novák. Face à la presse, le président croate a ouvertement accusé l’UE d’abuser de ses pouvoirs concernant le traitement infligé à certains Etats membres.

Ainsi, sur les sanctions infligées à la Hongrie, le président croate ne mâche pas ses mots. « Aujourd’hui, c’est la Hongrie. Demain, ce sera un autre pays de recevoir des leçons ». Et sur les sanctions infligées à la Russie, le chef d’Etat croate reste campé sur sa position, estimant que ce sont des sanctions qui nuisent d’abord à l’Europe.

« La question est de savoir à quel point ces sanctions nous seront nuisibles. Elles font mal à l’Europe », reconnaît-il. Et d’ajouter : « nous avons réussi à rapprocher la Russie et la Chine. Ceci est dans l’intérêt de qui? A mon avis, toutes ces questions devront être répondues, surtout pas ceux qui prennent ces décisions en mon nom. J’exige qu’une réponse me soit fournie ».

Pour rappel, tout récemment, le président croate s’est prononcé sur la guerre en Ukraine et son avis n’a pas manqué de susciter un vif tollé. En effet, face à la presse, il s’est durement attaqué à l’OTAN. « Washington et l’OTAN mènent une guerre par procuration contre la Russie avec le soutien de l’Ukraine », avait-il clairement indiqué.

Sur les sanctions infligées à la Russie de Poutine par l’Occident, sa position est sans ambages. « Le plan ne devrait pas être de faire tomber Vladimir Poutine. Le plan ne devrait pas être de sanctionner. Les sanctions sont absurdes et nous n’obtenons rien en y ayant recours », tranche-t-il.

Milanovic est-il en passe de devenir le futur Orban de l’Europe? La question a toute sa pertinence en raison de ses positions pas très « Ukraine-compatible » tenues depuis le début du déclenchement de l’opération militaire russe par Vladimir Poutine. D’ailleurs, tout récemment, son pays a catégoriquement refusé de rejoindre une mission militaire européenne destinée à soutenir l’Ukraine.

Pour rappel, Viktor Orban, actuel premier ministre de la Hongrie, n’a jamais caché son farouche opposition aux sanctions infligées à Moscou. D’ailleurs, dans une interview accordée à la radio Kossuth en octobre 2022 et relayée par le média hongrois BudapestTimes.hu, l’homme fort de Budapest estime que l’Europe est tombée dans le piège qu’elle  avait préparé pour la Russie.

« Nous avions ourdi un plan et avions creusé un trou pour la Russie, mais nous sommes tombés dedans », disait-il. Et d’ajouter : « l’Union Européenne propose qu’on creuse davantage ce trou alors que la Hongrie propose qu’on en sorte ». Dans l’interview, le très controversé premier ministre hongrois confirme que son pays a signé des contrats à long-terme avec la Russie pour s’approvisionner en gaz.

Mais, faisant allusion au sabotage des gazoducs Nord Stream, Orban dénonce des actes terroristes et prévient : « la Hongrie ne tolérera pas qu’on sabote ses gazoducs ». Dans l’interview, Orban refuse de se voiler la face et reconnaît que les sanctions ont effectivement eu des conséquences indésirables sur l’économie de la Hongrie.