Durant les premières heures de la pandémie à Coronavirus, le gouvernement américain, au nom de l’urgence sanitaire, a autorisé les géants pharmaceutiques à saisir (voler) tout brevet qu’ils jugent utiles pour accélérer la fabrication d’un vaccin anti-Covid. C’est la révélation faite ce 23 août par le média américain The Intercept qui cite un rapport de Knowledge Ecology International, rapport consulté par Lecourrier-du-soir.com
Un autre scandale! Décidément, entre les Etats et les géants pharmaceutiques, c’est une histoire d’amour infinie et le Covid l’a confirmé. En effet, après avoir versé des milliards de dollars aux labos et leur garantir une protection pénale en cas de poursuites judiciaires, les géants pharmaceutiques ont aussi été autorisés à voler les brevets. Et le tout, sous la bénédiction du gouvernement américain.
C’est du moins la révélation faite ce 23 août par le média américain The Intercept qui cite une enquête de KEI (Knowledge Ecology International), une organisation qui milite pour l’accès aux soins médicaux. D’après les révélations faites par cette organisation, l’administration Trump, en pleine pandémie, a eu recours à une loi datant de la première guerre mondiale pour autoriser les laboratoires à arracher tout brevet sans avoir besoin de demander une autorisation à son propriétaire. Parmi les labos ayant volé des brevets figure Moderna.
Dans son travail d’investigation, Lecourrier-du-soir.com a eu accès à l’enquête de KEI. On y apprend que sur 62 contrats signés entre le gouvernement américain et les géants pharmaceutiques, 54 autorisaient les labos à utiliser tout brevet qu’ils jugent utiles dans le cadre de leur travail (de fabrication d’un vaccin). 5 contrats autorisent l’usage de brevets qui n’ont pas été commercialement rendus disponibles au public.
Interrogé par The Intercept, James Love, directeur de KEI, ne cache pas sa colère d’autant plus que les Etats-Unis refusent catégoriquement que des pays étrangers utilisent des brevets d’entreprises américaines sans leur consentement. « Il y a tout un débat là-dessus. (…), le gouvernement des Etats-Unis croit dur comme fer aux brevets. Nous harcelons d’autres pays sur ce sujet-là. Et, en même temps, durant la pandémie, le gouvernement américain a délivré des licences obligatoires à tout-va », déplore-t-il.
Les conséquences risquent, tout de même, d’être sévères. Car, d’après The Intercept, Moderna est visé par deux plaintes de la part du laboratoire Arbutus Biopharma Corp. and Alnylam Pharmaceuticals Inc. qui l’accuse d’avoir utilisé son brevet (sans autorisation) pour la fabrication de nanoparticules.
Mais, pour assurer leur défense, les avocats de Moderna ont demandé à Arbutus Biopharma Corp. and Alnylam Pharmaceuticals Inc. de se plaindre auprès du gouvernement américain car c’est lui qui leur a donné l’autorisation de s’en servir au nom de l’urgence sanitaire.